"Comment pardonner à Zweig, son suicide... " Comment pardonner à Francis Huster sa double défection : par deux fois les lecteurs du magazine L'Eventail s'étaient inscrits en nombre et ferveur (165, 115) au déjeuner - rencontre du Cercle Royal Gaulois Artistique et Littéraire, dont je me faisais une joie, un honneur, d'animer l'entretien.
Les attentats de mars, les grèves de ce 31 mai ont eu raison de sa motivation, de sa présence parmi nous.
Une cuisante déception.
Mais il est aussi l'acteur, qui honora ses rendez-vous des 23, 24 mars, de ce 31 mai, avec le public belge.
Un 31 mai qui signait la Der des Der, au théâtre de Namur, 317e représentation du Joueur d'échecs, ingénieuse, sensible, somptueuse adaptation, par Eric- Emmanuel Schmitt de la nouvelle testamentaire, de parution posthume, de Stefan Zweig.
Seul sur scène, incarnant tour à tour, fougueux, sobre, fièvreux, prétentieux, rustre, .. Stefan Zweig, le narrateur, Messieurs B. , Mac Connor, Czentovic, le comédien réussit l'exploit de leur prêter poignante singularité, ce n'est pas une moindre prouesse. La voix off de Lotte, sa toux d'asthme ... ponctue la représentation, l'allégeant de courts dialogues..
1h 15 minutes de pure dégustation zweiguienne, parti pris, établi, de ramener la fin de vie de l'écrivain autrichien , celle de sa fuite d''Europe et du nazisme, de son séjour au Brésil, à une partie d'échecs perdue contre lui-même.
Un grand moment de théâtre
Apolline Elter