À quand un trophée majeur pour une nation si joueuse et si souvent catalogué comme favoris d’une compétition majeure ? Le palmarès de l’équipe d’Espagne A se limite à l’Euro 1964, une éternité. Si en plus, on se remémore les conditions du « triomphe » des protégés de Franco…
Et comme quoi l’Espagne ne sait pas, historiquement, gérer les grands rendez-vous, le meilleur résultat des Rojas en Coupe du Monde est une quatrième place en 1950, au Brésil. À l’Euro, la plus belle aventure espagnole (hormis 1964) s’est finie sur la pelouse du Parc des Princes une après-midi de juin 1984. Et si la France remportait là son premier trophée majeur, il ne resta de l’autre côté des Pyrénées que la désormais célèbre expression « faire une Arconada » lorsque le ballon roule sous les bras du gardien pour faire but. Le seul motif de satisfaction un temps soit peu récent et reconnu du football espagnol est le titre olympique conquit aux Jeux de Barcelone en 1992. Un bémol cependant, les équipes des jeunes marchent sur l’eau ces dernières années avec des succès fédérateurs pour des générations : Championnat d’Europe des moins de 19 ans en 2002, 2004, 2006, 2007. Championnat d’Europe des moins de 17 ans 2007.
Repartir sur les bases de 2006
Mais l’ancien joueur (1964-1974) et entraîneur (1974-1980 ; 1992-1987 ; 1991-1993 ; 2002-2003) de l’Atletico Madrid se fait remarquer dès sa prise de fonction en qualifiant Thierry Henry de « negro de mierda ». si l’affaire ne passe pas inaperçue, la fédération ne le condamne qu’à 3 000 euros d’amende.
Comme d’habitude, l’Espagne fait figure d’épouvantail au mondial Allemand de 2006. En gagnant tous ses matches du groupe H, passant notamment quatre buts à l’Ukraine, la bande à Raùl se retrouve en huitième de finale contre la France espérant légitimement mettre à la retraite Zinédine Zidane. Et si David Villa ouvre le score sur penalty à la demi-heure de jeu, Franck Ribéry, Patrick Vieira et Zizou renvoyèrent les Ibériques à leurs traditionnelles désillusions.
Du génie, mais pas vraiment de défense.
Le sélectionneur est un touche à touche tactique. Allant que du 4-4-2 au 4-1-4-1 en passant par le 4-5-1. La chance des Espagnols est de posséder un gardien au-dessus encore du niveau international en la personne de (san) Iker Casillas. La paire défensive centrale Puyol-Marchena n’est pas une garantie en or massif notamment du côté du joueur de Valence (10è de Liga cette saison), mais permet à Puyol de s’exprimer dans un rôle de pompier de service qu’il maîtrise pas trop mal au Barça.
À gauche, Joan Capdevilla est le dernier témoin vivant d’un Deportivo La Corogne qui jouait les premiers rôles sur la scène nationale et continentale. Parti depuis un an à Villareal, Capdevilla a rassuré sur ses capacités à l’image d’un sous-marin jaune de retour en Ligue des Champions cet automne. Il est passeur décisif sur le but victorieux de David Villa contre la Suède (2-1).
À droite, Sergio Ramos occupe un poste sur la foi de sa jeunesse (22 ans) et de son statut de star madrilène. Ramos est un bon contre-attaquant, même s’il ne lâche souvent que bien trop tard sa balle, mais un défenseur moyen qui compte un peu trop sur la compensation tactique de Xavi ou Senna après ses montées plus ou moins foireuses.
C’est au milieu de terrain que le génie espagnol prend toute sa splendeur. Rien qu’en disant que Cesc Fabregas n’y est que rarement titulaire.
En 4-4-2 (comme contre la Suède et la Russie), Marcos Senna (Villareal) y joue un rôle de milieu récupérateur, tendance pit-bull, histoire de soulager quelque peu Xavi Hernandez. Le Blaugrana (préféré au gunner) est censé remonter les ballons d’une vingtaine de mètres et lancer David Villa (ou Torres) dans la profondeur ou bien décaler les deux muchachos excentrés que sont Andrés Iniesta (Barcelone) et Silva (la petite perle de Valence). Ou Ramos lorsqu’il prend son couloir. Hyper emmerdant pour un défenseur suédois (1m70), c’est Silva qui centre pour le but de Fernando Torres contre la Suède (2-1).
Fernando Torres est lui en léger retrait par rapport à David Villa. Le joueur de Liverpool apportant sa présence au bord de la Mersey sur les ballons aériens.
Conserver le ballon et faire moins d’effort.
Si le 4-4-2 a les faveurs du sélectionneur pour l’instant grâce à la vista des milieux, l’on peut se poser la question de la pérennité de ce système d’ici la fin de l’Euro. En effet, un 4-4-2 à plat comme celui-ci n’a de réel intérêt que si la vitesse, et donc la condition physique, est là. l’Espagne est parvenu à se qualifier en remportant ses deux premiers matches, nul doute que ce le match de mercredi contre la Grèce, d’ores et déjà éliminée, sera l’objet d’une grande revue d’effectif afin de soulager les cadres d’un troisième match en huit jours avant un quatrième en douze jours. Mais au cas où, le 4-1-4-1 est un système qui permet la conservation du ballon à moindre effort. Jusqu'à ce qu'ils perdent, encore !