Oui, encore un billet sur l’angoisse psychotique, mais je me rends compte qu’elle est très mal comprise et qu’une troisième mise au point n’est pas de trop. Il va de soi qu’il ne s’agit pas d’une définition médicale mais plutôt d’une définition personnelle.
On m’a demandé ce soir si je ne pouvais pas gérer mes angoisses psychotiques en respirant un bon coup et en me raisonnant. La réponse est non.
Il m’arrive d’être anxieuse. Notamment au sujet de l’avenir, des gens qui vont mourir, de la perte éventuelle de mon travail, etc. J’arrive assez bien à me raisonner, en me disant qu’il ne sert à rien de s’inquiéter pour quelque chose qui n’existe pas encore et n’existera peut-être jamais. Il m’arrive aussi d’être en état d’hypervigilance, de sursauter au moindre bruit, de me sentir en danger à l’extérieur. J’arrive assez bien à gérer aussi, en respirant calmement et en rentrant chez moi, à l’abri, pour me calmer.
Les angoisses psychotiques, c’est tout autre chose. C’est une vague, une déferlante, quelque chose qui prend aux tripes et démolit complètement. On ne peut pas se battre contre, tout comme on ne peut pas se battre contre un tsunami. On peut juste se laisser submerger. Voilà quelques exemples d’angoisses psychotiques que j’ai vécues:
-des angoisses de morcellement et des angoisses liées au corps: l’impression d’avoir des membres coupés, des yeux derrière la tête, l’impression de ne plus avoir de peau.
-des angoisses de transparence: l’impression qu’on pouvait passer à travers moi, qu’on me volait mes pensées
-des angoisses d’anéantissement: l’impression de m’effondrer
-des angoisses de vidage: la sensation que mon cerveau s’écoulait de ma boîte crânienne, la peur que les moustiques me vident de mon sang.
Face à de telles angoisses, respirer un bon coup ne suffit pas. Dans mon cas, seuls les neuroleptiques me soulagent.
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