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"Partager des tranches de vie, des savoirs", voilà ce qui a motivé Anne Saudrais, Neuvilloise de 43 ans, à s'inscrire sur Airbnb pour héberger, le temps d'une nuit au moins, des personnes de tous horizons. Elle s'est décidée à devenir hôte, en mars 2014, suite à la fin de son activité de famille d'accueil pour personnes handicapées. "J'ai 7 chambres disponibles et je me demandais quoi en faire". Si elle avait des doutes sur le succès de son offre, ils furent rapidement levés et désormais sa maison ne désemplit pas au point qu'elle explique que "les soirées seules sont très rares".
Les nationalités passées chez elle couvrent une grande partie de la carte du monde: des Grecs, Néo-zélandais, Coréens, Cubains, Colombiens, Canadiens, Hollandais, Belges, Suisses, Espagnols… Chacun d'entre eux a une histoire particulière. Anne raconte par exemple avoir reçu un Chinois qui avait fait pris une année sabbatique et visitait l'Europe sur sa moto, "chargé comme un bourriquet". Lors de notre passage, ce sont deux retraités belges, Véronique et Étienne Henosset, qui avaient fait étape chez Anne Saudrais, après être partis de Libramont - dans les Ardennes belges - en vélo pour rejoindre Biarritz.
Évidemment, notre aubergiste amateur accueille aussi de nombreux Français. "C'est du 50-50 entre Français et étrangers" nous précise t-elle. Pour l'essentiel, ce sont des travailleurs, et notamment comme des ouvriers travaillant à la refonte des lignes électriques: "j'ai hébergé toute la boite", plaisante t-elle. Si la moyenne est de quatre nuits, certains restent beaucoup plus longtemps. C'est par exemple le cas d'un informaticien qui après un divorce s'est retrouvé seul et a vécu plus d'un an chez Anne au point que celle-ci lui demande de partir. Malgré quelques péripéties, la Neuvilloise semble pleinement satisfaite de l'expérience qu'elle décrit comme une "grande richesse".
Anne Saudrais insiste sur le fait qu'elle n'est ni "agent touristique" ni "chambre d'hôte" et qu'elle n'est "qu'un particulier proposant des chambres". D'ailleurs, elle travaille à plein temps en tant qu'aide soignante dans un SSIAD (Service de soins infirmiers à domicile) à Reims. En plus des prix attractifs (en moyenne 10 euros par personne), elle explique le succès de ses chambres par la "recherche de convivialité", une chose que les hôtels ne peuvent pas offrir.
Alors que le gouvernement français réfléchit à réglementer le secteur de la location par des particuliers, Anne Saudrais a un avis bien tranché sur la question: "Airbnb fonctionne bien comme ça, il n'y a pas besoin de réglementer. Instaurer une taxe de séjour (comme à Paris), ça pénaliserait les travailleurs que j'héberge".