Samedi dernier j'ai été soutenir Nikos Maurice à la médiathèque dans cet exercice périlleux de l'écrivain signant, assis à sa table avec une pile d'ouvrages à ses côtés, un exemplaire de son remarquable ouvrage. J'en ai profité pour faire le plein dans les rayons de films et documentaires puis de livres. Faire son choix est difficile et très vite on se sent saisi par un tourbillon d'ivresse. Que choisir, que faire? Pour fuir le vertige de l'inconnu j'ai ce remède d'aller jeter un œil sur des rayons où je maîtrise bien mieux le sujet et ne me laisse pas emporter par le doute, l'interrogation et l'hésitation entre tel ou tel ouvrage. Direction le rayon " esclavage ". Peu de surprise si ce n'est le constat que le rayon est minimaliste et s'oriente exclusivement sur la fameuse et sinistre traite triangulaire alors que le sujet est récurant dans l'histoire comportementale de l'humanité et que son spectre de nocivité n'épargne aucun territoire, aucune civilisation. L'esclavage est pieuvre qui enserre l'humanité depuis ses origines... Pourquoi cette apparente négligence d'aller proposer les ouvrages d'auteurs comme celui de Gordon sur l'esclavage en terre d'islam, celui de Jacques Heers sur les négriers enterre d'islam, ceux de chercheurs africains comme Tidiane N'Diaye et son Génocide voilé et Tidiane Diakite avec La traite des noirs et ses acteurs africains... Et que penser de l'impensable oubli de Malek Chebel et son incontournable ouvrage L'esclavage en terre d'islam.
Je considère nécessaire d'approcher l'étude anthropologique de l'esclavage à ses origines néolithiques avec Alain Testard pour consulter ensuite le code d'Hammourabi certainement placé dans un rayon voisin comme Aristote pour lequel il y a la nature qui a créé des êtres que leur intelligence destine à commander, dominer et d'autres à être soumis à obéir... Reprendre le déjà nommé Jacques Heers et son Esclaves et domestiques au Moyen Âge dans le monde méditerranéen et chercher cette plaie de l'église catholique avec Saint Thomas d'Aquin, ce bon Saint Thomas, qui défend l'esclavage comme institué par Dieu en punition du péché et justifié comme étant une part du"droit des nations" et droit naturel. Les enfants d'une mère esclave sont justement esclaves, même s'ils n'ont commis aucun péché personnel!
Petit détour édifiant vers " Saint " Paul: " Que chacun demeure dans l'état où l'a trouvé l'appel de Dieu. Etais-tu esclave, lors de ton appel? Ne t'en soucie pas. Et même si tu peux devenir libre, mets plutôt à profit ta condition d'esclave. Car celui qui était esclave lors de son appel dans le Seigneur est un affranchi du Seigneur; pareillement celui qui était libre lors de son appel est un esclave du Christ.
Vous avez été bel et bien achetés! Ne vous rendez pas esclaves des hommes.
Que chacun, frères, demeure devant Dieu dans l'état où l'a trouvé son appel."
Voyez-vous le sujet est vaste et mérite que toutes les portes soient ouvertes car ce fléau est pérenne. Ce fléau aujourd'hui n'a pas délaissé le monde et sévit avec brutalité, sans trop de dissimulation dans certains pays comme la Mauritanie, le Soudan, quelques émirats du golfe. Et de façon dissimulée chez nous-même avec le travail forcé...
Ce sujet doit être abordé sans compétition victimaire ni communautarisation de la mémoire.