Tout spectateur d’une œuvre d’art finit par découvrir qu’il est à la fois le sujet et l’objet d’un jeu optique qui s’apparente au voyeurisme : comme l’avait noté Jacques Lacan, il regarde certes le tableau, mais le tableau le regarde tout autant. Cette découverte, forcément troublante, ne saurait trouver cadre plus approprié que l’exposition de Natacha Mercier intitulée « Vasistas ? », accueillie jusqu’au 24 juin au CIAM-La Fabrique de Toulouse.
Cette artiste plasticienne y propose des peintures, des installations, des performances et des vidéos spécialement créées pour cet événement, qui traduisent une recherche esthétique longuement élaborée. Interroger l’art, le regard, la perception du visiteur, tel est le sens de sa démarche qui réserve d’étonnantes surprises. Le spectateur, campé devant un tableau qui lui semble au premier abord un panneau blanc découvre progressivement l’image qui s’en dégage (on pourrait ici parler « d’Outreblanc » par analogie à « l’Outrenoir » de Pierre Soulages). Il croit reconnaître une œuvre emblématique de l’histoire de l’art, peinte par Boucher, Duchamp, Manet ou Goya, mais son œil le trompe ; il s’aperçoit vite que, derrière les apparences, se font jour des détails qui s’opposent à son impression première : là où il était persuadé – à juste titre – de trouver une femme dans la beauté lisse d’une peinture de style rocaille ou académique (L’Odalisque brune de Boucher ou La Petite baigneuse d’Ingres), apparaît un homme étonnamment velu et réaliste ; là où la pose renvoyait à un modèle si familier qu’on le pensait facilement identifiable, surgit un autre modèle, tout à fait inconnu.
![Natacha Mercier: Exposition « Vasistas? » à Toulouse Natacha Mercier au Ciam 3](http://media.paperblog.fr/i/807/8076948/natacha-mercier-exposition-vasistas-toulouse-L-xW9l7n.jpeg)