Je ne peux pas, j’ai examen. Combien de fois ai-je dit cette phrase?
Je ne peux pas me bourrer d’anxiolytiques, je dois étudier.
Je ne peux pas aller à l’hôpital, j’ai examen. Ou c’est la rentrée.
J’ai autre chose à faire. Autre chose à faire que d’être malade et de me soigner. Du moins de la façon dont on voulait me soigner.
Combien de fois ai-je eu l’impression que mes études n’étaient pas importantes? « Vous passerez vos examens à un autre moment ». Peut-être était-ce juste de la prudence. Il fallait que j’aille mieux, le reste viendrait après. Mais je l’ai ressenti comme du fatalisme. Tu es psychotique, tu ne réussiras pas tes études, ni ta vie, de toute façon. Peut-être suis-je injuste, je ne sais pas. Mais le fait est que pas une fois quelqu’un ne m’a proposé de m’accompagner dans mon projet. Personne n’a proposé de m’aider à aller mieux en continuant mes études. Il fallait prendre des médicaments aux effets secondaires gênants (essayez de prendre note et de lire un tableau avec la vue trouble), il fallait aller à l’hôpital alors que je ne suivais même pas de psychothérapie, il fallait toujours remettre mes études à plus tard.
Le fait est que je n’ai pas écouté les prudents ou les fatalistes. Le fait est que je n’ai pas voulu attendre d’aller mieux pour faire quelque chose de ma vie. Le fait est que j’ai réussi mes études. Mais j’aurais aimé qu’on m’accompagne, j’aurais aimé qu’on me soigne autrement, j’aurais aimé qu’on y croit avec moi.
Je reste persuadée que soigner, ce n’est pas tout casser. Je crois au rétablissement, aux forces vives de la personne, à la force des projets. Je pense que soigner, c’est accompagner, c’est au moins essayer avant de dire « abandonnez ».
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