Un film de Stephen Daldry (2011 - USA) avec Thomas Horn, Sandra Bullock, Max Von Sydow, Tom Hanks, John Goodman, Viola Davis
Quel beau film ! Quelle classe !
L'histoire : New York, 2001. Oskar est collégien. Ce matin-là, l'école les renvoie tous chez eux. Il s'est passé des choses graves. Des bombes dans les Twin Towers. A l'appartement, il trouve des messages de son père sur le répondeur : "Je suis coincé, on nous dit de rester là. Ne vous inquétez pas, je vais bien." Et puis plus rien, il ne le reverra jamais. La douleur est immense ; Oskar adorait son père, fantaisiste, voire farfelu, infiniment tendre, qui lui concoctait des jeux de piste immenses à travers la ville, lui apprenant au passage toutes sortes de choses. Leur dernier parcours reste inachevé... Oskar veut le reprendre, le terminer, pour que son père continue de vivre à travers sa quête. En même temps, il trouve une clé, avec un nom, dans les affaires de son père... Double enquête à mener. Sa mère se remet difficilement du chagrin, la ville aussi... mais Oskar livre la bataille de sa vie, qui va le conduire vers des personnes toutes plus incroyables les uns que les autres.
Mon avis : Voilà une semaine qui commence bien ! Après Billy Elliott, The hours, The reader... on tient vraiment là un réalisateur original, sensible, qui sait choisir de bonnes histoires et les met en scène avec beaucoup d'élégance. Ce film est adapté du roman de Jonathan Safran Foer.
Quand on lit le pitch, on pourrait s'attendre à un mélo, lisse et convenu, à la gloire des USA et de leurs 3000 innocents, assassinés par les barbares. C'est sans compter sur la personnalité de Daldry qui tire de toute expérience difficile, un récit initiatique bouleversant, qui tire vers le haut, tout en soulignant avec délicatesse les ambiguités propres à l'espèce humaine.
A commencer par ce petit garçon (Thomas Horn, absolument extraordinaire) qui bataille dur contre ce monde si cruel, contre les peurs qui le paralysent depuis "le Pire Jour", contre sa mère qu'il aime mais qui lui sert de punching-ball, un petit garçon qui pleure aussi, songe à faire des calins à des inconnus qu'il sent triste, partage, rit, échange, se moque. Courant après l'ombre de son père, menant son enquête avec dévotion, et un peu de paresse parfois... parce que lorsqu'elle sera terminée, alors son père sera parti pour toujours. Et ça, il en a très peur.
On est toujours entre le rire et les larmes, ce n'est jamais mélo, même si forcément les scènes entre la mère et le fils sont plus qu'émouvantes. Mais elles sont peu nombreuses, l'accent est mis sur la fantaisie des rencontres que fait Oskar et de tout ce qu'elles lui apprennent. J'ai adoré toutes les scènes avec le grand-père (magnifique Max Von Sydow... il me faisait penser à David Bowie ces dernières années, vieilli, mais d'une élégance folle, sérieux mais toujours prêt à vous décocher un sourire à tomber par terre). Ce grand-père lui-même traumatisé par sa propre guerre, autrefois, ému et malicieux à la fois.
La réalisation est splendide. Pas de temps mort, aucune minute inutile, tout est beau, tout est juste, tout est à sa place. On suit Oskar à travers toute la ville, rarement aussi bien photographiée ; on court après lui, même ; il va vite, le môme ! Daldry restitue à merveille le rythme des préados, pressés, mais pas trop, débordant d'énergie mais avides de pauses tendresse, en rébellion mais à l'écoute des adultes qui savent choisir les mots justes pour leur parler...
Et puis bien sûr, il y a les ombres noires de ce 11 septembre qui marqua toute une planète, laissant une blessure qui a encore du mal à cicatriser pour tous les habitants du monde qui l'ont vécu en direct, même à 10.000 km ou à 20.000 km de là... Une manière de rendre hommage, encore, et ce ne sera pas de trop, pour ceux qui sont morts dans cette attaque mais surtout à tous ceux qui sont restés et souffrent toujours.
C'est une leçon de vie que nous donne ce petit Oskar. Malgré tout la douleur qu'il trimballe, il m'a fait du bien. Il m'a rendue plus forte. Un feel-good movie. Une vraie merveille.
Je suis très étonnée de constater que les critiques sont plutôt mitigées. Je me suis bêtement fiée à la moyenne générale, ce qui ne veut rien dire... En fait les professionnels sont hyper déçus dans l'ensemble. Trop mélo. Certains louent la réalisation, l'originalité de la quête, mais restent peu convaincus. Les spectateurs sont beaucoup plus enthousiastes (mais seulement 195.000 entrées en salles), ce qui a fait augmenter la note. Foules sentimentales...
Moi j'ai adoré.