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Hollande-Valls : le mépris, la honte...

Publié le 29 mai 2016 par Jean-Emmanuel Ducoin
L’exécutif, dit-on, voudrait catégoriser des négociations, sans rapport avec la loi travail. Une nouvelle stratégie de mépris…
Ainsi, à en croire du moins certaines indiscrétions du week-end, la tactique du gouvernement serait au troc catégoriel. Beaucoup de vinaigre ici, un peu d’huile là, et une sauce acceptable sortirait du grand saladier fourre-tout qui leur sert de cerveau par temps de chauffe. Partant du principe autoritaire qu’il n’y a rien à céder sur la loi travail, le couple Hollande et Valls réfléchirait, secteur par secteur, à lâcher du lest pour ne pas «désespérer les grévistes», comme le dit un conseiller élyséen, ces derniers devant «obtenir quelque chose, même si cela n’a rien à voir avec la loi El Khomri». Vous avez bien lu. L’affaire qui secoue la France sociale concerne une révision historique du Code du travail, moins de droits pour les salariés, une scandaleuse inversion des normes contre laquelle se dressent les Français, mais qu’importe, parlons des dockers, de la RAPT, de la SNCF, d’Air France, etc., catégorisons et morcelons le débat et, ni vu ni connu, tout ira bien! À la vérité, il ne s’agit pas d’une tentative de sortie de crise, puisque l’usage de la force tous azimuts ne suffit pas, mais bien une nouvelle stratégie de mépris. Ou le début d’un sauve-qui-peut que Valls en personne exprime par une phrase empruntée aux pires droitiers: «Je ne veux pas rejoindre la longue liste de tous ceux qui ont reculé et ont fait perdre du temps à la France.» La honte.
 Pris de court, les médias récitent donc leur petit bréviaire en continuant jour après jour de se faire peur –et hystériser les Français–, jusqu’à tordre les mots à longueur d’antenne, «violence des blocages», «prise d’otage»… Mais qui est violenté? Qui est séquestré dans des logiques infernales? En somme: à qui la faute? Un mouvement de contestation de cette ampleur, mâtiné, quoi qu’on en pense, d’un parfum de révolte citoyenne pré-insurrectionnelle qui parcourt diversement tout le corps social, ne provient jamais de nulle part. Sans vouloir jouer les historiens de pacotille, il n’est d’ailleurs pas inutile de rappeler que sans les grèves, sans les blocages, sans les manifestations, nous en serions encore au monde de Zola, de Steinbeck et du travail des enfants. Voilà pourquoi chacun doit mesurer ce qu’une victoire contre la loi travail aurait de galvanisant pour l’avenir. [EDITORIAL publié dans l’Humanité du 30 mai 2016.]

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