En salles dès mercredi prochain, Le Lendemain est l’excellent premier film du réalisateur suédois Magnus von Horn, présenté l'an passé à la Quinzaine des Réalisateurs et qui avait plutot fait son effet lors de sa projection.
Pour son premier long métrage, après plusieurs courts qui montraient déjà la déshumanisation et la marginalisation qu'une société peut faire sentir à un individu, Magnus von Horn s’inspire de la tradition d'un cinéma scandinave souvent glacial et aride ( comme dans le très réussi Snow Therapy sorti l'an passé) dans lequel aucune lueur d’espoir ne viendra éclaircir une noirceur sous-jacente.
L'intrigue, inspiré d'un fait divers qui s'est réellement passé- un crime passionnel chez les adolescents- suit le retour d'un jeune garçon dans une petite bourgade après un séjour carcéral, un retour qui se déroulera particulièrement mal personne dans le lycée ne pouvant oublier le crime commis.John sort de prison, après deux ans de peine, et revient chez lui, là où le méfait a eu lieu, et ce malgré les craintes de son père. Il pensait avoir payé sa dette mais malheureusement les illusions d'un nouveau départ. resteront lettre morte.
Chronique d’un rejet, d'un jeune par un microcosme hostile dans lequel il ne parviendra jamais à trouver sa place, le film fait un peu penser au terrifiant Depies de Lucia de Michael Franco. Le lendemain plonge le spectateur face à la difficulté à se reconstruire d’un adolescent sans accompagnement ( le père est complètement dépassé, le frère trop jeune et immature), confronté à un effet de meute, où les adolescents montrent un visage d'une cruauté assez facile à croire, d'autant plus quand certains sont poussés par certains adultes dans une violence d'une force et d'une radicalité sans nom.
Dans une ambiance glaçante, , au moyen presque exclusivement de plans fixes, Magnus von Horn distille, malgré un rythme lent, une tension permanente annoncant une explosion de violence imminente dans cette campagne scandinave a priori calme et sans histoires..
John,parfaitement joué par Ulrik Munther, plus connu en Suède pour ses talents musicaux et ses vidéos sur YouTube que,. va s’enfermer dans une spirale de mutisme ,haine et d’incompréhension, dont on imagine l'issue fatale.
On ne saura presque rien des motivations et de la psychologie de ces personnages- c'est la limite du film qui abuse un peu trop de silences et de non dits-, mais le lendemain, qui plus que de juger son personnage principal, questionne la société dont il est le révélateur et le sentiment de culpabilité qui empeche toute réaction possible, n'en demeure pas moins d'une force et d'une maitrise évidente.