Il est de bon ton, surtout depuis la chute du Mur de Berlin, de fustiger les “compagnons de route”, ces intellectuels la plupart du temps humanistes et généreux au départ qui, par une curieuse aberration de l’esprit en arrivaient à soutenir quasi-inconditionnellement l’Union Soviétique.
Certes le rapport Kroutchev, les crises de 56 (Hongrie), de 68, Tchécoslovaquie, puis l’invasion soviétique en Afghanistan ont érodé ces soutiens comme la guerre du Vietnam et aujourd’hui celle d’Irak minent celui du soutien d’autres intellectuels aux USA.
Ceux qui se gaussaient, à juste titre, des “compagnons de route” le faisaient au nom de la liberté et du sort des habitants de l’empire soviétique.
Mais que dire de la liberté des 50 millions de personnes privées de toute couverture sociale aux USA ? De ceux qui se retrouvent à la rue avec les escroqueries des subprimes ?
En France, que dire de la liberté de ceux qui sont aux minima sociaux et qui fréquentent les “Restos du cœur” ? Que dire dès lors de ces intellectuels “libéraux” qui applaudissent une pensée unique qui nous envahit?
Les “compagnons de route” avaient au moins le courage de s’opposer. Nos libéraux, eux, sont du côté du manche etleurs argumentations hautaines, académiques et pleines de morgue m’irritent chaque (nombreuses) fois qu’ils battent l’estrade des plateaux télévisés.
La plupart des compagnons de route ont, publiquement, fait leur autocritique. Je pense que l’histoire jugera très sévèrement, et dans pas trop longtemps, les héraults actuels de thatchéro-bushisme qui, au nom de la liberté, bafouent la première, celle de l’expression démocratique.