Ces chercheurs de l’Université d’Exeter apportent ici de nouvelles données sur les effets d’un accouplement conflictuel sur l’évolution, ici sur 10 générations et sur le coléoptère, des organes génitaux, mâles et femelles. La forme des organes génitaux varie énormément à travers l’évolution animale, tout comme plus globalement, la forme du corps. Les chercheurs ont fait l’hypothèse qu’un facteur de cette évolution » génitale » pouvait être le » conflit sexuel « . Le Dr Megan Head, co-auteur de l’étude s’explique ainsi, dans un communiqué : » Il faut être 2 pour danser le tango, les changements de forme dans l’un des 2 sexes induit des changements correspondants dans l’autre sexe. Ce phénomène est connu comme la co-évolution « .
De nombreux rapports sexuels ou accouplements qui favorisent le nombre de descendants, ne sont pas si favorables pour la femelle, qui ne doit s’accoupler qu’un nombre limité de fois pour pouvoir fertiliser tous ses œufs. En outre, trop de sexe réduit la capacité des femelles à assurer les soins parentaux. Afin de vérifier leur hypothèse, les chercheurs ont sélectionné des paires de coléoptères, soit pour leurs taux d’accouplement élevés ou faibles sur 10 générations. La recherche révèle que,
· cette sélection artificielle est associée à des changements de forme des organes génitaux mâles et femelles,
· les changements de forme des organes génitaux chez un sexe, sont reflétés par des changements de forme chez l’autre sexe, illustrant ce phénomène de co-évolution,
· les changements de forme les plus significatifs se produisent chez les insectes sélectionnés pour leurs taux d’accouplement élevés, donc avec un phénomène de » conflit sexuel » plus marqué : dans ce cas, les mâles ont développé des organes plus » pénétrants » et les femelles des « griffes » plus prononcées sur leurs organes génitaux.
Une recherche très expérimentale et qui porte sur l’évolution à long terme, mais qui suggère, du moins de l’avis de ses auteurs, l’importance générale des conflits d’intérêts entre les hommes et les femmes, ou plutôt mâles et femelles, dans le développement de la biodiversité. Il est vrai qu’il est fascinant de voir une telle évolution génitale, même chez l’animal, sur 10 générations seulement.
Source: Evolution May, 2016 doi: 10.1111/evo.12938 Selection on an antagonistic behavioral trait can drive rapid genital coevolution in the burying beetle Nicrophorus vespilloides (Visuel@Jena Johnson)