Ana (Salomé Richard), on est tout de suite avec elle, assis près d’elle dans la voiture, près d’elle quand elle se fait engueuler pour avoir conduit en retard l’actrice principale sur le plateau de tournage, près d'elle quand elle pleure dans la station de lavage. Une fois le film terminé, et elle rendue à ses difficultés quotidiennes (elle ne va pas jusqu’au bout de ses projets, lui reproche son frère), on est encore avec elle. Elle a passé la frontière, est revenue voir sa grand-mère (Claude Gensac) à Strasbourg, et celle-ci pour fêter son retour veut préparer un baeckeoffe. Entre elles deux, c’est une relation forte. Qu’est-ce qu’elles seraient l’une sans l’autre ? Et voilà, un malaise et la grand-mère est hospitalisée. Ana va alors entreprendre un chantier auquel tous les jeunes hommes qu’elle rencontre vont devoir participer : ami, amant, vendeur, employé municipal. Il y a une certaine urgence. Aller au bout de ce projet, enfin. Elle s’accroche. Elle me fait penser à une autre jeune femme, Madeleine, dans un autre film, Les Combattants, quand elle décide d’accompagner celui qui va s’engager dans la Légion et la dernière image est presque la même, elle et lui assis l’un près de l’autre, regardant devant eux. Les Combattants regardaient ce qui arrive, « à l'affût. Sur nos gardes »; Ana et le candidat légionnaire regardent un bâtiment, il me semble, conçu par Le Corbusier, et s’émerveillent devant l’aptitude humaine à construire.