Une retraite minimale pour les anciens privés de couverture sociale [Actu]

Publié le 28 mai 2016 par Jyj9icx6

Hier, devant un parterre de retraités qui font une drôle de tête sur la photo choisie par La Nación, au Centre culturel Julián Centeya, à San Cristóbal (un repaire de gauche, ce truc-là !), le président Mauricio Macri a fait lui-même (1) quelques annonces concernant le niveau de vie des retraités en tapant très fort sur le gouvernement précédent, preuve s'il en fallait qu'il ne compte pas plus que cela travailler à la bonne entente entre les Argentins (2).

Capture d'écran sur le site de La Nación
Cliquez sur l'image et regardez les gens derrière Macri. Ils s'ennuient, ils n'écoutent pas !


Le Gouvernement veut mettre en place un minimum vieillesse pour les personnes âgées qui n'ont pas le minimum de cotisation pour toucher une pension de retraite (cela fait un paquet de monde à cause de la non-généralisation du système de retraite pendant les années d'ultra-libéralisme des années 70 et 90 et de l'économie au noir, dont un certain patronat agricole a longtemps et largement abusé, et pas lui seul). Ce minimum vieillesse sera de 80% du minimum vieillesse des retraités ayant acquis tous les droits, soit en fonction du montant en vigueur aujourd'hui, une somme de 3967 pesos par mois (personne ne va aller bien loin avec ça, même si bien évidemment c'est toujours mieux que rien). Il faudra avoir 65 ans pour toucher cette retraite minimaliste.

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Le financement serait réalisé grâce à une méga-opération de rapatriement sans pénalités des sommes déposées à l'étranger par des contribuables qui ont fraudé le fisc pendant des années, ce qui fait grincer bien des dents parmi les salariés modestes et honnêtes qui ont payé leurs impôts et voient leurs facture d'électricité, de gaz et d'eau exploser tous les plafonds depuis que les subventions publiques ont été supprimées. On murmure aussi que l'ANSES, la sécurité sociale argentine, vendrait les actions qu'elles détient dans des entreprises, ce qui pourrait bien fragiliser ces dernières et abîmer encore un peu plus le très fragile tissu économique du pays, qui s'est pris de plein fouet la hausse de l'énergie.

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Par ailleurs, le gouvernement a promis de régler tous les arriérés de pension pour lesquels 300 000 retraités poursuivaient en justice l'Etat, qui vient d'être condamné définitivement. Mais c'est à 2,5 millions de retraités que la décision doit s'appliquer, au fur et à mesure que les décisions de justice deviendront définitives au terme de la procédure toujours très compliquée et très lente en Argentine. L'annonce fait donc suite à une décision de justice et ne correspond pas à une initiative politique spontanée du Gouvernement en place. Le Président a néanmoins ajouté qu'il entendait offrir à ces retraités floués depuis des années une revalorisation des mensualités qui irait de 35 à 45% en fonction des schémas qui seront adoptés par le Congrès. L'opposition, majoritaire au Sénat, approuve bien entendu le règlement de ces arriérés et l'augmentation qui va avec mais entend bien discuter les moyens mis en place pour y faire face. C'est encore une belle bagarre parlementaire qui pourrait bien s'annoncer alors que, selon un entrefilet de La Nación, les contentieux du travail connaissent une forte augmentation devant les tribunaux... Ces indices ne plaident pas en faveur de la thèse d'une amélioration de la situation chez les salariés, en dépit de tous les discours triomphalistes et pleins de bonnes intentions que multiplie le Gouvernement ces derniers jours, mais que démentent certaines éminences grises. L'un de ces visiteurs du soir vient de déclarer que faire croire au salarié moyen qu'il pouvait accéder à l'écran plat et au smartphone était un mensonge et une tromperie : on devine aisément vers quel niveau de vie ce bonhomme veut réduire la dite classe moyenne. Quel mépris il faut avoir pour les gens pour tenir de pareils propos, et en public en plus !
Pour aller plus loin : lire l'article de Página/12 sur le nouveau minimum vieillesse universel lire l'article de La Nación lire l'article de Clarín lire l'article de La Prensa lire l'article de Página/12 sur le rapatriement des fonds frauduleusement placés à l'étranger lire l'article de La Nación lire l'éditorial de Clarín.
(1) Lui qui critiquait le personnalisme de Cristina Kirchner et le manque de collégialité et de délégation dans son mode de fonctionnement, voilà qu'il prend la même voie, celle que les Français appellent l'hyper-présidence... (2) Il a parlé de "réparer" (reparar) les "escroqueries" (estafa) dont toutes ces dernières années avaient été victimes les retraités. On se demande bien à quoi il fait allusion parce que les minimums vieillesse ces dernières années avaient considérablement amélioré le pouvoir d'achat des anciens et les hausses démentielles qu'il a fait mettre en place en retirant d'un coup toutes les subventions publiques à la distribution d'énergie l'ont sensiblement réduit depuis six mois. S'il voulait travailler à la réconciliation des Argentins, il est sûr qu'il continuerait à mesurer son langage dans ses discours publics. En privé, il dit ce qu'il veut mais en public !