Non, plus sérieusement, après cette petite provocation humoristique amusante, histoire de faire chouiner le bourgeois et les petits souteneurs de ce genre de positionnement politique sans intérêt, qui ne viendra pas changer le monde comme il va mal, mais au contraire en aggraver les erreurs, tentons d’expliciter les raisons pour lesquelles la réaction virale, à laquelle j’ai fortement participé, aux propos du ministre de l’économie a été si vive. Tout d’abord, le contexte :
Après avoir été dans la posture de com grotesque qui a consisté à célébrer Jeanne d’Arc comme s’il avait lui aussi été illuminé par la grâce et entendu l’appel d’une voix divine (qui peut croire un instant que ce personnage ridicule et mièvre peut sérieusement contrer le FN, si ce n’est pour se faire mousser personnellement ?), le voilà dans un autre rôle tout aussi théâtral que tiré par les cheveux d’un gourou chauve de la com new age :
C’est juste après que les choses se gâtent, et que le gentil petit cadre dynamique de la Banque Rothschild s’est heurté à la réalité sociale : des opposants en chair et en os, hors concepts, à la loi travail. Le petit ministre à la tête de gendre idéal n’a pas apprécié une remarque d’un jeune chômeur au tee-shirt probablement militant qui l’a fortement agacé. » vous n’avez qu’à travailler pour vous en payer un« . Mépris de classe caractérisé. Hormis le fait que ce symbole de réussite sociale, à l’instar de la Rolex d’un autre du même acabit, n’appartient qu’à lui, et qu’il n’est pas dit dans l’histoire que tout un chacun en ait franchement envie, il est fort probable que ledit vêtement ne fut pas acheté dans un Prisunic, compte-tenu du train de vie et des émoluments passés et présents tout comme de la fortune personnelle du Monsieur qui l’habite. Et donc, quel mépris de classe il y a en effet à inviter quelqun à consacrer plusieurs Smics à un tel apparat ! Surtout quand on sait que la remarque est opposée à quelqun qui est au chômage ! Quelle arrogance, quel cynisme absolu. Et même quand on tient compte du contexte, cette visite à une école du numérique, sur le thème de la joie d’entreprendre (comme il y aurait à en écrire, sur ce modèle hégémonique globalisant tout à fait ridicule ) et de la méritocratie (valeur de droite), on ne peut que constater le choc de deux mondes qui ne s’interpénètrent ni ne se comprennent guère. Comment la doxa libérale de l’un, qui a justement entraîné l’autre dans son infortune, peut-elle convaincre un seul instant de ses bienfaits ? Et comme il est ridicule de se servir du modèle de l’entrepreneur comme d’un exemple à suivre, alors que tout un chacun n’y est pas disposé, n’en a pas les compétences (on sait tous le poids des statistiques sur celui-ci, qui voit disparaitre les deux tiers des entrepreneurs sur 3 ans, ce qui suffira à le disqualifier), et de penser que seul la course à l’argent et la recherche de profit est une valeur universelle…. Un autre monde est possible, qui n’est sûrement pas le sien, mais ce type là ne le sait pas. Il est bien pauvre, en vérité. Et médiocre.