Né à Hawaï, puis passé par Los Angeles, SF, c’est vers la France qu’il prendra le cap vers ses 18 ans pour ne jamais en repartir. Après avoir vécu un peu à Rouen, Lyon, sur la Côte, c’est à Paris qu’il s’installera pour de bon, commençant à mixer dans plusieurs soirées et afters mythiques des débuts de la période French Touch. Certains djs locaux prétendent même que c’est lui qui a amené la House Garage à Paris. Dj André était une figure mythique de l’époque, qu’il nous a paru intéressant de rencontrer avant son apparition à la MONA Danceteria ce samedi à la Bellevilloise au côté de Nick V et Giles Smith, dj et résident des Secretsundaze.
Bonjour André, peux-tu nous raconter ton arrivée à Paris et comment tu t’es mis à mixer ?
Avant d’arriver à Paris, j’ai vécu quelques années à Rouen, je faisais aussi les saisons sur la Côte. Finalement, je suis arrivé à Paris dans les années 80 et me suis installé à Saint Germain des Près. Je savais dès le début que je ferais dj, et je voulais jouer quelque part. Du coup, j’allais en soirée, j’étais ultra présent et c’est comme ça que je me suis fait découvrir. Je crois que la première fois où j’ai mixé c’était au Boy juste avant que ça ferme. Après, j’ai commencé à tourner au Folie’s Pigalle, aux soirées Smarties avec Sylvie Chateigner, Eric Candy et David Seranno. A coté de ça, je bossais aussi à la Casbah, un lieu hyper branché à la mode bondé de mannequins avec Patrick Vidal, Mandel Turner… Après j’ai suivi Sylvie et j’ai fait toutes les soirées TGV à l’Elysée Montmartre du début. De fin 1991 à 1996, je suis parti au Palace en tant que dj résident et je m’occupais des afters du vendredi, samedi et du dimanche et le dimanche aprem je m’occupais des Tea dance. Je m’occupais de tout ça avec David Seranno. Entre 1991 et 1996, il y avait aussi les fameuses soirées « Cheers » où j’ai joué quelques fois au côté notamment de Sven Love et Greg Gauthier, les fondateurs. Mais aussi les Respects avec David Blot, Fred Agostini… J’ai joué aux cotés de Honey Dijon, François K…
Tout ça c’était au Queen et dans d’autres endroits au Gibus avec Georges Morel, Kerri Chandler, tous les mecs de Strictly Rhythm. C’était les débuts de la French Touch, une époque magnifique ! J’avais une résidence aussi sur radio FG. D’ailleurs j’ai encore tous les enregistrements (rire). Ça a un peu commencé comme ça !
Peux-tu nous dire ce qu’étaient les soirées TGV pour ceux qui ne connaissent pas ?
Les TGV c’était les Thanx God I’m a VIP avec Sylvie Chateigner ! Les soirées TGV c’était quelque chose ! C’était multi racial, coloré, un grand rassemblement, une richesse et de grands moments de bonheur.
OK, tu nous as justement parlé de ce concept de Dj résident, chose qui a un peu complètement disparu dans la plupart des clubs. Quel est ton point de vue là-dessus ?
Je pense que la disparition du concept de résidence, est en partie liée à l’émergence du MP3. A cause ou grâce à ça tout le monde prétend être dj ! Ta sœur, ton cousin, ton meilleur ami est dj. Tout le monde est dj…C’est très en vogue ! Moi je pense que tout le monde ne peut pas être dj (rires). A l’époque il y avait une dizaine de djs, maintenant il y en a 10 000 (rires). Et du coup à l’époque, on pouvait être résident et aller jouer chez tout le monde à des soirées.
Aujourd’hui avoir une résidence c’est impossible ! A l’époque, on en vivait vraiment. On avait une fiche de paie, un salaire, c’était notre club. C’était un vrai métier…
Toi qui a connu la grande époque des années 80-90 parisienne et celle d’aujourd’hui niveau clubbing, pourrais-tu nous dire ce qui a changé ?
Je trouve qu’à l’époque les clubs avaient vraiment quelque chose de magique. Pour moi mixer au Palace, c’était mon rêve ! C’était tellement magique, tellement beau… Les gens, c’était un mélange des genres. On ne rentrait pas si facilement. Il y’avait des stars, des acteurs, tout le monde allait là-bas. C’est plus le cas maintenant je trouve, y’a plus la magie de l’époque… Y’a plus le show, le décor ! Quand tu vas dans les clubs maintenant, peu importe le club, tous les gens sont devant le dj comme si c’était un concert… ll n’y a plus de communication. Moi je veux qu’ils apprécient la musique et qu’ils s’amusent entre eux. Aujourd’hui les djs sont perçus comme des dieux vivants ! A l’époque c’était moins un business, on était là surtout pour animer les foules.
Pour ceux qui souhaitent en savoir plus sur l’ambiance du palace, ce documentaire réalisé par Colin Ledoux, retrace à merveille l’état d’esprit de l’époque.
Pourrais tu nous donner un track ou plusieurs qui t’ont marqués pour les décennies 70, 80, 90 ?
Années 70
Dans les années 70, celle qui m’a marqué c’est Donna Summer. Je l’ai vu en concert à Hawaï quand elle a sorti l’album avec BAD GIRL et HOT STUFF. Le concert était Gééé-niall ! C’est là que j’ai découvert que j’étais gay. Au lycée, je pensais que j’étais gay mais je n’étais pas sûr. Et Dona Summer a un peu été mon coming out. Il n’ y a pas un de ses vinyles que je n’ai pas acheté. C’était vraiment mon coming out à moi !
J’étais aussi fan de Chaka Khan. Pour moi c’est la plus grande !
Années 80
Les Clash et la track The Magnificent Seven. Je pense aussi à The Sound Of Philadelphia ou encore Teddy Pendergrass, de la bonne soul music.
Années 90
Quand je pense aux années 90 je pense à ce son !
On jouait pas mal d’Adeva, Masters At Work, Marshall Jefferson, Todd Terry, Frankie Knuckles, Inner City aussi… Les grands classiques de l’époque qui sont d’ailleurs restés aujourd’hui et n’ont pas pris une ride pour la plupart (rires).
Si tu devais citer une soirée qui t’a le plus marquée…
Pour moi, c’était les afters KIT KAT du Privilège, les soirées du TGV, Otra Otra, KABP… Plutôt des soirées intimes ! Respect aussi, ça m’a marqué. C’est dur de ne citer qu’une soirée au final. Ce qui m’a surtout marqué et ce qui me manque c’est ce côté intimiste qu’il y avait. Le fait qu’on racontait une histoire avec la musique. On jouait pas des disques parce qu’on savait qu’ils allaient marcher auprès du public mais on les jouait parce qu’on en avait envie et qu’on savait où on voulait emporter les gens, leur raconter une histoire à partir de notre ressenti personnel. Toutes ces soirées ont vraiment marqué ma vie ! Je ne les oublierai jamais !
Nick V & André @ Otra Otra parties
Ça nous permet de rebondir sur la question de Nick V qui t’invite samedi à jouer à la Bellevilloise dans le cadre du Weather Off pour la Mona Danceteria : « C’est quand même exceptionnel de jouer du garage de 6h à 12h alors que les afters sont connus pour diffuser des sons plus durs ou plus mentaux, pourrais-tu me dire comment toi, David Serrano et Eric Candy arriviez à tenir les gens tout en naviguant entre des sons soulfuls et tripés à la fois ? Quels sont les disques représentatifs de ce son si particulier ? »
Sacrée question ! (rires) De 6h à 12h on va mettre des sons house, deep trippy qui vont quand même taper avec de la vocale ! On va jouer des sons différents que ce qu’on peut attendre en soirée. En plus, à 6 du matin tout le monde est défoncé (rires). Du coup, il faut que ça fasse monter l’émotion des gens !
J’aime la performance de mixer sur vinyle. C’est un vrai taff, ça procure de vraies sensations et à l’époque on mettait tout le monde d’accord ! Concernant les disques si représentatifs, je vous invite à venir me voir jouer samedi à la Bellevilloise.
OK on y sera, la question du Limonadier pour terminer… Si tu étais une boisson, tu serais quoi ?
Un shot de Tequila. Aux USA, on faisait pas mal ça ! Un shot de Tequila et la fin de la soirée était réglée (rires)…
Merci André ! On a conclu l’interview en montrant le livre French Touch, qui est sorti il y a 4 ans maintenant suite à l’exposition qui s’était tenue aux Arts Décoratifs. Grande surprise et moment intense quand André a retrouvé tous les flyers des soirées Chill-out où il était résident (photo à la une).
On a hâte de le retrouver pour la soirée MONA DANCETERIA samedi prochain à La BELLEVILLOISE, nouveau QG des Mona désormais. Des places à gagner par ici et l’événement Facebook par là.
On s’écoute son dernier mix en date pour se mettre dans l’ambiance ! PRESS PLAY !
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Lexoo
Darone de la Bande, rédactrice mais aussi responsable des partenariats et des événements du limonadier. J'aime la Funk, la Black Disco et la House music. Pour vous donner une idée, mes plus grandes claques musicales : Gerd Janson au Pano, MCDE au Weather, Jamie XX au Pitchfork et Aretha Franklin au Ravinia Festival, Chicago...Et beaucoup d'autres en fait !Mon Cocktail Préféré :
Un Mojito bien dosé bien sûr !
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