Vomito ergo sum

Publié le 16 juin 2008 par Mawquise

L’autre jour dans un grand moment d’introspection spéléologique, avec piolet pour bien accrocher aux aspérités de mon Moi en décrépitude, je me suis dit “dis donc Marquise, c’est que ça fait bien longtemps que tu t’es pas mis une mine cosmique!“.

Et en effet, l’horrible vérité était là, nue, sous mes yeux (oui avec la vérité on est lesbiennes, on vit nues toute la journée), je vivais depuis près d’un an dans une abstinence éthanolo-cocktailienne des plus complètes.

Entendons-nous bien: je picole, mais Dieu que ça fait longtemps que je n’ai pas frôlé le coma éthylique, que je ne me suis pas retrouvée au petit matin avec des bleus de la taille d’un oeuf d’autruche qui avaient dû faire un mal de chien mais dont je n’avais pas souvenir, voire pire, que je ne me suis pas dit “mais, c’est pas mon lit ça…

– ?#@~&!!!??^^!!!!!! –

(ça c’est ta réaction dans ces moments-là)

Bref.

Il est bien loin le temps où le English way of life s’insinuait lentement dans mes habitudes et que ça devenait normal d’être bourrée 10 heures par jour.

Le temps où dans mes 9m² de chambrette universitaire je descendais deux litres de piquette toute seule en écoutant du Johnny Cash et en goûtant aux joies de la dépression nerveuse.

Le temps où, quand j’avais un truc à faire qui me faisait chier (genre assister à des répétitions de théâtre nazes), je camouflais du Martini Rouge dans une bouteille de jus de raisin, et je cuvais lentement avachie sur trois fauteuils rouges.

Non, ami bien-pensant, ce n’est pas de l’alcoolisme, ça s’apelle vivre en Angleterre.

Tout un concept.

Genre les trois pintes là, c’était ma conso perso pour…disons…deux heures?

Et donc en continuant à ramper dans les boyaux sombres de mon interiorité, avec le recul, je me disais “quand même, tu t’es mise bien minable par moments, et tu t’es bien affichée aussi“.

Oui.

Oui.

Oui.

Je l’avoue.

C’était pas tout le temps beau à voir.

J’ai souvenance d’un lavabo plein de vomi bleu (pas eu le temps d’atteindre les toilettes), de brûlures au 8ème degré post-chute sur de la moquette en essayant simplement d’atteindre mon lit, d’un 1500m couru en 1m54′32″ à travers la ville sans grande raison, et de plusieurs “aventures” pour le moins regrettables.

Mais drôles.

Mais regrettables.

Mais instructives.

Mais regrettables.

(je dis ça pour la bienséance, tu m’auras comprise)

Enfin j’ai l’air de dire que tout ça n’est QUE de mon fait. Que nenni ami bien-pensant, si tu picoles pas en Angleterre, tu survis pas socialement.

Exemple: les drinking games. Mettons que tu te chopes un vieux gage tout pourri. Genre, sachant qu’il n’y a presque que des mecs dans l’assemblée, courir autour du billard en sous-vêtements, comment tu survis à ça si t’es pas déjà bien entamé?

C’est simple, tu ne survis pas.

En Angleterre, tu vomis, donc tu es.

PS: j’en profite pour rappeler à la foule en délire que vous avez jusqu’à vendredi pour me faire parvenir vos lettres d’amour; pour l’instant seuls Nico et la Ch’tite ont participé, ce serait bien que vous vous magniez le tronc les amis!