Les chiffres du chômage du mois d’avril sont en baisse pour le second mois consécutif. Même s’il convient de nuancer cette amélioration, beaucoup de voyants sont au vert pour une reprise, même partielle de croissance. Reste le point noir du conflit social porté par la CGT qui plombe l’ambiance.
« Ça va mieux », merci
Une baisse de 0,6 % des chômeurs de catégories A constatée à la lecture des statistiques publiées ce mercredi par le ministère du Travail et Pôle Emploi. Il semble que cette évolution concerne toutes les tranches d’âge, même celle des séniors (moins 0,3 %) dont le nombre reste somme toute plus important qu’il y a un an et qui représente 45,7 % des inscrits à Pôle Emploi. Malgré tout, les observateurs restent très circonspects vis-à-vis de ces résultats et nuancent cette évolution. Notez par exemple que la part des chômeurs en formation a augmenté considérablement, ils sortent de fait du décompte. Notez aussi que selon la Direction chargée des études au ministère du Travail (Dares), il a été observé « une hausse inhabituellement forte » du nombre de demandeurs d’emploi n’ayant pas mis à jour leur dossier et qui, de fait, sortent aussi du décompte.
Cela dit, deux mois consécutifs de baisse, une situation inédite depuis le début du mandat de François Hollande. Une conjoncture économique en outre très favorable puisque les taux d’intérêt sont très bas, de même que le prix du pétrole et que le moral des entreprises semble reprendre des couleurs, emportant avec elle la croissance. À signaler aussi les gros contrats signés, comme l’annonce ce jour d’une commande de 3 navires de croisière par les Américains au profit des chantiers navals de St Nazaire.
Un gouvernement sous le feu des critiques et des conflits sociaux
Bien que la situation économique semble avoir le vent en poupe, le gouvernement Hollande reste en difficulté. Le conflit social en cours depuis plusieurs semaines avec une montée en force depuis 8 jours a des impacts de plus en plus importants sur le quotidien des Français, mais aussi sur l’économie. Car nul doute que la couverture médiatique internationale du conflit social et des incidents de ces derniers jours ne va pas favoriser l’attractivité de la France. Total a déjà réagi en début de semaine indiquant ne pas vouloir s’investir plus sur le territoire. Et que dire de l’impact sur le tourisme avec des images de voiture de police qui brûlent, des auteurs présumés relâchés quelques jours après et les nombreuses vidéos circulant de violences urbaines en marge des manifestations ?
La pression sur l’exécutif est inédite. La généralisation du conflit contre la loi du Travail, avec le ralliement des salariés des centrales électriques et nucléaires, les blocages et ralentissements de certaines activités clefs durcissent tous les jours un peu plus le dialogue, ce qui éloigne d’autant les perspectives d’apaisement. Manuel Valls a déclaré la fermeté du gouvernement hier à l’Assemblée Nationale, déclarant que « la CGT ne fait pas la loi dans le pays », un coup d’épée dans l’eau pour beaucoup. François Hollande est sorti timidement de son silence, mais ne semble pas vouloir s’impliquer davantage sur ce dossier, préférant préparer doucement sa candidature et peaufiner son bilan dans la perspective des élections de 2017.
Quelles perspectives pour le gouvernement (dont les soutiens fondent à vue d’œil) et quelle sortie à envisager à la lumière du sondage Elabe pour BFMTV, selon lequel près de sept Français sur dix (69%) sont favorables au retrait du texte « pour éviter un blocage du pays », et que, suivant un autre sondage IFOP pour RTL 62 % des Français soutiennent les actions de blocage ? Garder la tête haute semble difficile, et toute mesure de fermeté risquerait de compliquer davantage les relations.