Si vous aimez la littérature russe vous avez peut-être déjà fait connaissance avec Ivan Bounine. J'ai déjà chroniqué ici Printemps Eternel et La vie d'Arseniev.
Aujourd'hui c'est un roman très court que je vous propose.
Une chronique nostalgique d'un monde disparu, mais un monde dur et parfois effrayant.
Guennadi Charoïkine
Faisons connaissance avec la famille Khrouchtchev, une famille qui pourrait s'appeler Bounine !
C'est par la voix de Natalia la servante, mémoire de la famille que nous découvrons Soukhodol le domaine où elle est née.
Un domaine qui excite la curiosité des jeunes enfants de la famille car il s'y passe de drôles de choses. Il y eu des mélanges entre nobles et serviteurs, viols, châtiments, amours interdites....
Isbas Isaac Levitan
" Les domestiques, le village et la maison de Soukhodol formaient une seule famille. "
C'était le lieu dangereux " à Soukhodol, l'amour était singulier, la haine aussi. " Querelles et embrouilles culminent lors de l 'assassinat du grand-père !
Ivan Bounine donne un tableau sombre de la misère paysanne. Le roman a une face noire voire sordide qui est balayée par les moments de poésie pure
Isaac Levitan
" Le jardin était magnifique : une grande allée de soixante-dix bouleaux largement étalés, une cerisaie noyée dans les orties, des buissons épais de framboisiers, des acacias, des lilas et tout autour un bouquet de peupliers argentés presque entier qui se confondait avec les blés. "
C'est un monde violent et en déclin que peint Bounine et l'on entend derrière ses mots son amour total pour sa vieille Russie.
Ivan Bounine premier écrivain russe à recevoir le Prix Nobel, un auteur indifférent aux modes littéraires, grand admirateur de Tolstoï et ami de Tchekhov. Il fera plus noir encore avec un autre roman dont je parlerai un de ces jours.
Le livre : Soukhodol - Ivan Bounine - Traduit par Madeleine Lejeune - Editions des Syrtes