"La spiritualité du désert, c'est aussi la spiritualité de l'enfance.
Poser sur tout ce qui est un regard innocent, délivré de jugements et d'opinions, voir les choses telles qu'elles sont, sans surimpositions de mémoires, sans projections, cela suppose un certain anéantissement du moi et un renoncement au vouloir s'anéantir, car qui veut être délivré de l'ego si ce n'est l'ego ? Eckhart précise bien qu'il s'agit de dépasser autant l'Être que le non-être. Vivre sans souci, sans pourquoi, l'homme désert ne cherche plus le désert. Un esprit devenu pure vacuité, pure réceptivité accueille indifféremment le vide et le plein. Il ne suit plus aucune voie, son chemin a perdu toutes bornes ; au désert, seules comptent la Source et la Soif que donne l'Instant. Deviens tel un enfant, Rends-toi sourd et aveugle ! Tout notre Être Doit devenir néant, Dépasse tout Être et tout néant ! Laisse le lieu et laisse le temps, Et les images également ! Si tu vas par aucune voie Sur le sentier étroit, Tu parviendras jusqu'à l'empreinte du désert. (Maitre Eckhart)Jean-Yves Leloup, Désert, déserts.