Le roi, qui m'avait ouvert sa maison,
N'écoute plus mes chansons.
Il exige que j'arrête
De chanter mes malheurs de poète.
Il me repousse, me chasse,
Me jette dans une crevasse.
Qu'il sache mon sentiment
Sur son récent comportement :
Il a osé se dire malade
Pour quitter la croisade
Et rentrer en France.
Voici la funeste conséquence
De sa lâcheté : Saladin, l'Egyptien,
A interdit à tous les chrétiens
L'accès au Saint-Sépulcre.
Notre roi, ce rusé compère,
Ne vit que pour l'argent et le lucre.
Quant au Saint-Père,
Il a mis l'Eglise
En état de crise.
Ce désordre odieux
Doit irriter le Bon Dieu.
Mais après tout, moi,
Je vis en grande joie.
Depuis trois jours,
Une noble dame de la Cour
Me couvre de baisers
Quand, dans ses bras,
Je vais me reposer
Et cicatriser ma tristesse.
De moi, elle obtiendra
Dévotion et tendresse.