A la Fondation Fernet-Branca jusqu’au 9 octobre 2016
La Fondation peut accueillir des expositions à géométrie variable.
Après le septuor de Prendre le temps
Le trio de Métamorphoses
les muses de Didier Paquignon
Claire Morgan taxidermiste
Le duo Günter Umberg et Bernard Frize
Pierre‐Jean Sugier, Directeur de la Fondation Fernet‐Branca présente
3 artistes, qui ont chacun leur spécificité et leur singularité. Ils nous emmènent
dans un voyage généreux fait d’émotions, de découvertes, de sensations, d’insolite.
« Paradis des sculpteurs, mais aussi des photographes et des peintres, lieu inspirant, exceptionnel, un espace spacieux et lumineux, où les individualités des artistes tendent
vers l’universel de l’art » Stefan Balkenhol
Pierre Jean Sugier, Marie Bovo, Philippe Cognée, Stephan Balkenhol,
Marie Bovo
La majorité de son travail se fait entre chien et loup, soit de la nuit vers le matin,
soit l’inverse, à la tombée du jour, juqu’à la nuit, en suivant les saisons.
Elle évoque son rapport à la lumière (crépuscule et aube) et à l’intime dans sa série photographique « Cour intérieure » réalisée à Marseille (Quai de la Joliette), série réalisée sur une période de 2 ans. Ces immeubles haussmanniens, très profonds, laissés à l’abandon, malgré tout habités, où le ciel le ciel est enserré, sont reliés par un réseau très dense de fils où sont suspendus les vêtements des habitants. Selon les heures sont devine, l’occupation du moment des habitants.
Dans la série « Alger », dans un principe identique, elle développe cette représentation subtile en nous dévoilant ce que l’artiste veut nous dire de son propre monde intérieur sur l’extérieur, sur l’expérience de la ville, les émotions que celle‐ci ou le paysage peut lui évoquer.Elle exclut toute anecdote, tout effet esthétique, pour se concentrer sur l’essentiel. C’est la construction d’une variation sur un même sujet. La série récente « En route » développe, dans le cadrage d’une porte d’un train polonais, des paysages tous différents avec un horizon situé toujours à une même hauteur. Ici c’est l’intérieur qui s’ouvre vers l’extérieur, vers son horizon… un même intérieur pour une variation de paysages.
La série « les grisailles », comme pour la série « cours intérieures », Marie Bovo renverse le regard pour nous donner des signes du temps. Ici, peu importe les lieux. Rares sont les indices qui apporteraient une localisation précise. Ce qui compte se sont les marques du temps et de la vie, un plafond qui s’écaille : « Grisailles montre des espaces dégradés de leur projet social initial, et qui pour cela échappent à l’architecture. » (Marie Bovo, Sitio, Editions Kamel Mennour, entretiens Régis Durand, page 10).
Ce contraste intérieur / extérieur apporte une poétique d’une grande rigueur plastique.de même que cette photographie d’un camp de roms, qui dorment aux marges de la ville.
Nous retrouvons cette même rigueur dans le travail vidéo que développe Marie Bovo. Ainsi deux vidéos seront présentées à la Fondation. Une création tournée à Marseille :
« La Voie Lactée » (2016) laisse découvrir une ville par le biais d’une coulée laiteuse…la ville à ras le sol. La seconde vidéo est « Prédateur, la Danse de l’Ours (2008 – 2014) » qui nous parle autant de l’animal enfermé dans un espace réduit que de ce que parfois l’humain est capable de créer d’inhumain.
Marie Bovo est née en 1967 à Alicante en Espagne. Elle vit et travaille à Marseille, elle est représentée par la galerie Kamel Mennour à Paris et OSL contemporary, Oslo
Philippe Cognée (vidéo)
Philippe Cognée et Stephan Balkenhol, revendiquent depuis les années 80 leur travail sur la figuration. Leur travail s’impose en se positionnant à distance des contraintes mises en place par les artistes des mouvements minimal et conceptuel. Ils entretiennent tous deux un rapport au réel, au quotidien, au paysage, ou plus simplement à l’humanité dans son ensemble en lui donnant une distance et imposant un angle de vue qui rend l’image intemporelle.
Philippe Cognée, (vidéo) s’attache depuis plus de 30 ans à interroger le rôle de la peinture.Son oeuvre est construite à partir d’images photographiques. Celles-ci sont devenues numériques. Toutes ces images sont omniprésentes, presque banales. Pour les transcender, il adopte une technique particulière à l’encaustique. Cette volonté de tendre vers l’abstraction par une peinture sur cire, chauffée et écrasée, fait de la technique même le sujet de la peinture traitant d’un objet : ce qui est montré. Car c’est bien de peinture dont il s’agit avant tout, et c’est elle qui donne à voir son sujet et la façon dont il est perçu.
Ses toiles floues à la cire, chauffée puis écrasée, posent la question de l’épuisement de l’image et de la condition humaine dans son rapport à l’environnement urbain. L’artiste s’inspire de photos ou de vidéos d’autoroutes, de bâtiments, de vues aériennes …
Il présente les maisons de face comme des portraits. Chaque fois qu’il peint une maison, cela le fait penser à Vermeer, il tente de faire scintiller les briques, avec des effets de soleil, comme lui. Il part d’images de Google qui lui servent de support, en leur faisant « subir » le même procédé, tels des objets du quotidien, des souvenirs de vacances, des foules, des supermarchés. Traités en série, les thèmes ordinaires et familiers, Philippe Cognée jette sur la toile, aussi ces banalités sont magnifiées par le flou des tracés et des formes devenus la signature du peintre. Sa technique de la cire fondue nourrie une esthétique de la destruction et du chaos. La solitude, l’anonymat, l’abandon émergent de cette référence à la ruine.
Philippe Cognée, a arraché les pages de catalogues d’Art Basel, où il a puisé 1100 oeuvres d’artistes, il a peint les images à l’huile, à plat, comme des îcones, puis les a posées sur une plaque de métal . L’ensemble montré sur les cimaises de Fernet Branca, forme un immense drugstore. Il nous propose de revisiter l’histoire de l’art, de réviser nos connaissances et d’interroger notre mémoire, de partir à la découverte, en arpentant les murs de son « Super Marché ». Mais n’est-ce pas aussi un clin d’oeil au tournis qu’occasionne Art Basel, par la profusion des oeuvres présentées ?
Mais aussi analogie avec une oeuvre présentée dans l’exposition, qui montre l’inhumanité,
de la consommation de masse, que ce soit en denrées ou en art à laquelle le monde est soumis.
Né en 1957, Philippe Cognée vit et travaille à Nantes. Diplômé de l’Ecole des Beaux-Arts de Nantes, il a reçu le Prix de Rome en 1982 et a été Lauréat de la Villa Médicis en 1990. En 2004, il a été nominé pour le Prix Marcel Duchamp. Il enseigne à l’Ecole Nationale Supérieure des Beaux-Arts de Paris depuis 2005.
Il est représenté par la Galerie Daniel Templon, Paris – Bruxelles.
et la Galerie Pauli de Lausanne.
Stephan Balkenhol
C’est résolument un sculpteur d’images.
Né en 1957 à Fritzlar en Allemagne, Stephan Balkenhol vit et travaille à Karlsruhe et Meisenthal en Lorraine.
Depuis 1992, il est professeur de sculpture à la Staatliche Akademie der Bildenden Künste à Karlsruhe. Au-delà des expositions en institutions, l’artiste s’est fait connaître par des remarquables ensembles sculpturaux, à mentionner le monument en hommage à Jean Moulin à Metz ainsi que le monument en hommage à Richard Wagner à Leipzig.
Sa ballerine, se dresse fièrement sur son socle, habillée par coquillage plissé.Contrairement aux peaux laissées dans leur couleur naturelle, les vêtements, cheveux, bouches et yeux sont peints. Trois ou quatre couleurs, pas plus, appliquées avec minutie malgré toutes les bosses et tous les creux du bois. Elles ne semblent pas être choisies pour leur pouvoir symbolique mais simplement pour habiller les personnages, leur donner une identité, les ancrer dans la réalité. Ses œuvres sont peintes à l’exception des chairs, suivant ainsi la technique traditionnelle développée au Moyen-Âge de la sculpture en bois polychrome.
Les panneaux auréolent tantôt un petit homme, ou encore servent de « toile de fond » à un duo énigmatique (fraternel, amical, combattant ?). Panneaux regardeurs ou bouches bienveillantes ?
Stephan Balkenhol est-il peintre ou sculpteur, la question se pose lorsque l’on regarde la Victoire de Samothrace ou encore ce couple ou trio ? Il visite l’histoire de l’art avec son amphore géante aux dessins érotiques. Il s’approprie le mot de Duchamp en le modifiant quelque peu « c’est le regardeur qui termine l’oeuvre »
Stephan Balkenhol travaille entre autres avec les galeries Akinci (Amsterdam),
Deweer (Otegem), Mai 36
(Zurich), Nosbaum Reding (Luxembourg) et Thaddaeus Ropac (Paris – Salzbourg).
Ce qui lie les 3 artistes, c’est la dépersonnalisation, la solitude, l’indifférence, la déshumanisation du monde que l’on ressent après avoir parcouru les salles, tout en étant admiratif du travail de chacun
Fondation Fernet-Branca
2, rue du Ballon
68300 Saint-Louis/Alsace
T +33 3 89 69 10 77
Horaires d’ouverture :
du mercredi au dimanche
de 13 heures à 18 heures
Pendant Art Basel :
ouvert tous les jours du 13 au 19 juin de 9h à 18h.
Un petit déjeuner le matin du 16 juin
un coctail en fin d’après midi le 18 juin
avec une navette depuis Art Basel
A L’occasion de l’exposition à la Fondation Fernet-Branca,
un catalogue sera édité avec un texte de Judicael Lavrador