Vue de Ripetta - 1766
Il est vrai que j'ai pas mal délaissé la rubrique "art" du blog, non seulement parce que je ne prends pas assez le temps de faire des expositions mais aussi parce que comme je l'avais déjà signalé, j'écris des articles mensuels sur les expositions ayant un lien avec la mode pour le site américain, Worn Through et je ne souhaite pas faire doublon, ici. Alors pour ceux d'entre vous qui maîtrisent l'anglais, n'hésitez pas à aller y découvrir mes compte-rendus. Aujourd'hui, c'est donc sur Hubert Robert que nous nous concentrons. J'ai toujours aimé ce peintre que j'ai découvert pendant mes études à l'Ecole du Louvre. Et, l'exposition du Musée du Louvre lui fait grandement honneur, lui consacrant une imposante et passionnante présentation.
Caprice antique avec la statue de Marc-Aurèle
Quand on pense à Hubert Robert, nous vient immédiatement une certaine idée de l'académisme. Certes Hubert Robert fut un peintre dit "officiel" mais derrière l'apparent classicisme de ses oeuvres, se cachent une certaine malice, une sensualité, une virtuosité et une pluralité fort intéressantes. Hubert Robert se dévoile à Rome où il réside de 1754 à 1765 et où il dépeint les monuments de l'Antiquité. Ainsi, que ce soit le Colisée ou des éléments isolés, le peintre français se fait le révélateur des vestiges de la ville et participe à la vague de l'anticomanie qui sied à l'Europe du milieu du XVIII ème siècle.La Lingère - 1761
Toutefois, les ruines d'Hubert Robert ne sont pas synonymes de désolation ou de destruction puisqu'elles laissent apparaitre des scènes pittoresques enjouées figurant des lavandières n'ayant rien à envier à la sensualité de Fragonard avec qui il oeuvra à Rome mais aussi des pilleurs concentrés ou des enfants espiègles. Les ruines romaines deviennent lieux d'animation, avec du linge qui pend, des rencontres amoureuses, des farces et même des enfants qui pissent! Aux compositions maitrisées, Hubert Robert injecte une dose d'humour et de trivialité qui, confrontée au sublime des architectures, trouble le spectateur. A la disparition de la pierre, il oppose l'humanité de la vie.Paysage à la Cascade - 1790
Hubert Robert, ce sont aussi des paysages grandioses, mélancoliques qui annoncent le romantisme du XIXème siècle mais aussi un paysagiste du Roi et enfin, "garde des tableaux du Roi", oeuvrant à l'organisation de ce qui deviendra le Musée du Louvre. Au Salon de 1796, il expose Projet pour la Transformation de la Grande Galerie (en pendant de Vue Imaginaire de la Grande Galerie du Louvre en ruine). Faut-il y voir là un dernier clin d'oeil à ses premières oeuvres? Le musée, dernier rempart contre la rudesse du temps et des hommes?Projet pour la Transformation de la Grande Galerie - 1796
L'exposition se termine le 30 mai 2016. Plus d'infos, ici Bises!