Désordre dans le corps sage : cancer du sein

Publié le 26 mai 2016 par Eric Acouphene
Quel choc en visitant à l’hôpital une amie opérée d’un cancer du sein ! Je suis frappée par le nombre de femmes atteintes de ce cancer. Une unité complète leur est dédiée. Inquiète, je me palpe les seins. Des questions fusent en moi en faisant ce geste: « Qu’est-ce que cela veut dire ? Pourquoi cet organe est-il autant atteint? » Peu à peu, calmée, des réponses viennent.

Le sein est le lieu symbolique de la maternité. Il permet de nourrir le nouveau-né. Après lui avoir donné vie (l’organe génital est aussi atteint par le cancer), la mère lui donne le sein pour qu’il grandisse. Elle lui offre ainsi son amour à travers la nourriture. Cela permet la persistance temporaire de l’amour fusionnel qu’ils ont eu pendant la grossesse.

Le sein participe aussi à la beauté harmonieuse de la femme. Maternité et féminité sont souvent en concurrence dans le soutien-gorge.

Que cet organe soit autant atteint semble en rapport avec la terre-mère, féconde, nourricière. Elle reçoit le rayonnement cosmique, solaire et donne vie sur terre.

Puis elle nourrit ses enfants, les trois familles: le monde végétal, le monde animal et le monde humain. Ce dernier l’a vénérée longtemps mais aujourd’hui que reçoit-elle des hommes? Beaucoup trop de blessures! Que ce soit du fait de l’exploitation sans vergogne des ressources ou de l’usage inconsidéré des produits chimiques dans l’agriculture, elle est traitée avec mépris au point d’en tomber malade. Alors sa nourriture empoisonne ses enfants et ils sont malades eux aussi.

LE MONDE VÉGÉTAL EST MALADE.
L’agriculture mécanisée, industrielle, chimique blesse, stérilise la terre. La terre-mère, c’est moi. Je suis soucieuse pour mes enfants comme la terre l’est pour les humains, ses enfants. Elle est malade en profondeur. C’est perceptible dans les tremblements de terre, les éruptions volcaniques, dans la perturbation des cycles climatiques. Le règne végétal est décapité dans les forêts tropicales, poumon de la terre. Les hommes sont sans amour pour le règne végétal, symbole de l’amour gratuit. Le végétal se donne. Il accueille la lumière et la transforme pour que sur terre l’air soit respirable (la photosynthèse). Nous inspirons cet amour dans les poumons. La beauté et cet amour subtil contenus dans le monde végétal nous touchent mais si inconsciemment. Sinon pourquoi offririons-nous des fleurs? Je suis la fleur quand je me donne à l’homme que j'aime. Je suis le fruit quand mon enfant tête goulûment.

LE RÈGNE ANIMAL EST MALADE.

Les animaux sauvages mangent le végétal malade, boivent, respirent la pollution. Et ils sont malades. Sait-on la quantité de poissons cancéreux? De mammifères cancéreux?
Les animaux domestiques élevés pour la consommation subissent le même sort mais, ce qui est pire, mangent une nourriture de déchets animaux qui souvent ne leur convient pas. La rapacité humaine y ajoute antibiotiques, hormones de croissance et toutes sortes de médicaments (tranquillisants) pour leur survie. Les conditions d’élevage. de transport, d’abattage sont indignes de notre statut de maîtres sur eux. Pourtant ce sont eux qui nous donnent le goût de l’amour affectif. Nous sommes émus à la vue des petits qu’ils soient poussins, chiots ou poulains. Nous nous attendrissons de voir une mère allaiter ses petits, les lécher, les éduquer. Sinon pourquoi aurions-nous des animaux de compagnie? Je suis chienne, je suis tigresse, je suis souris quand l’envie me prend de faire l’amour comme le rut. Je suis l’oiseau couvant ses petits, leur donnant la becquée. Je suis la laie défendant ses marcassins.

AU BOUT DE LA CHAÎNE,
LE RÈGNE HOMINAL EST MALADE.
Nous respirons, nous buvons la terre, nous mangeons le végétal et l’animal malades. Nous recevons la rançon de notre inconséquence, de notre mépris, de notre voracité.
Comment penser que je ne suis pas responsable de ce qui arrive? Trop pressée, j’achète la nourriture sans réfléchir. Je cuisine a minima, la tête à mon travail pour être la meilleure. Mes enfants, je les dirige plus que je ne les écoute.
La souffrance de la terre me parle, c’est la mienne. Je la sens au-delà de ma personne. L’attitude humaine -dominer les trois règnes qui nous ont précédés - nous pouvons la changer... Nous pouvons changer dès aujourd’hui. En nous est la source de la maladie et de la mort: posséder, exploiter, dominer et tuer sont dans la biologie humaine. Ils sont l’héritage de nos ancêtres qui ont dû lutter pour survivre. Mais nous, femmes-mères avons le pouvoir de remplacer ce fonctionnement par l’amour.


LE RÈGNE HUMAIN A ACCÈS À UN DEGRÉ SUPÉRIEUR DE L’AMOUR : L’AMOUR POUR AUTRUI.
Cet autrui est d’abord en nous. La maternité nous le rappelle. C’est l’enfant en nous qui demande à être, aimé, cajolé, réconforté, rassuré, estimé. Aimer l’autre, c’est d’abord s’aimer soi-même. Aimer le petit, le faible, le méprisé en nous ouvre l’amour au dehors pour notre conjoint, notre voisin, l’étranger...
Alors maltraiter un animal devient impossible car la nature animale est dans notre biologie. Respecter la nature devient une seconde nature ! L’air que nous respirons est l’air des autres. Nous le partageons quoi qu’il arrive.
La science, les techniques d’aujourd’hui permettraient à l’humanité de vivre sans lutte pour la survie. La modernité n’est pas incompatible avec l’amour.
Le cancer se soigne pour une part avec la médecine la plus en pointe. Et pour une autre part avec ce retournement intérieur : aimer notre corps qui nous vient de la terre, aimer notre esprit qui nous vient d’ailleurs. Ce sont ces deux forces ensemble - la science et l’amour - qui peuvent guérir la terre et ses habitants.

La technique, les hommes savent déjà faire. L’amour, ils sont encore très débutants. Le progrès est dans cet apprentissage salvateur. Rêvons qu’un jour, le cancer ne sera plus qu’un souvenir qui a eu son utilité pour nous faire évoluer, C'est ainsi que je songe à la prochaine mammographie que je dois passer. ■
source : revue Reflets