2eme tome des enquêtes de Yeruldelger, flic mongole cabossé par la vie, on l’avait laissé dans le 1er roman, après une enquête délicate mêlant sa fille Saraa, son amie Solongo médecin légiste, Oyun sa partenaire et avec Gantulga un jeune garçon débrouillard croisé au cours de l’enquête.
On retrouve ces personnages dont Yeruldeger n’est plus vraiment le personnage principal. 2 enquêtes se télescopent : le meurtre de Colette ex prostituée son amie, assassinée dans un hôtel avant qu’elle puisse lui parler et la découverte de cadavres d’animaux et d’un homme par la flic Oyun. Les personnages ont évolué, l’enquête a laissé des traces, la complicité entre Oyun et Yerruldeger est moins évidente, il s’éloigne de son entourage pour mener à bien son enquête.
Après nous avoir fait découvrir la Mongolie, ses légendes dans le premier tome, ici les personnages sont plus développés. Yeruldeger devient un personnage sombre, plus dans la puissance, la vengeance qui justifie le titre les temps sauvages. On découvre la Russie ; les liens avec la mafia russe, Mongole. L’architecture soviétique, la pollution d’Oulan Bator, l’exploitation de l’uranium et les trafics, la corruption sont aussi évoqués au fil des enquêtes. Les références culinaires (la fameuse tête de chèvre, le thé), les croyances mongoles avec les loups sont à nouveau présentes mais moins centrales que dans le 1er tome. La réflexion sur la violence, la perte des valeurs de la société mongole sont plus présentes, l'héritage du passé, l'opposition entre modernité incarnée par Oyun et tradition avec Yeruldegger sont une métaphore de ces évolutions.
De plus, l’enquête se délocalise ailleurs en France vers le Havre, Honfleur, où un nouveau personnage apparait Zarza d’origine arménienne, ex espion qui travaille pour la police ferroviaire et dont l’enquête va croiser celle de nos 2 inspecteurs. J’ai aimé ce nouveau personnage, les détails sur la côte normande, les spécialités culinaires locales qui m'ont mis l'eau à la bouche. Son passé trouble, sa volonté de trouver la vérité en font un personnage attachant.
L’univers foisonnant, détaillé de l’auteur est toujours là, on souffre du froid, on se sent étouffé par la misère, la corruption des villes russes. La violence est omniprésente, à la fois directe mais aussi dans les jeux de pouvoir en sous main qui freinent l’enquête.
Oyun est au cœur de ce récit, elle entame sa reconstruction après le terrible viol dont elle a été victime, on la découvre amoureuse de Gourian, avec l’envie d’avancer, de se retrouver. J’ai aimé son personnage à la fois fragile et fort. Le fait qu’elle soit capable de mener seule l’enquête sans son partenaire. Le personnage s’affirme davantage et elle n’est plus secondaire dans l’intrigue.
Yeruldeger devient de plus en plus sombre, s’éloigne de ceux qui l' aime pour plonger dans les ténèbres de cette affaire. Il devient plus dur, difficile à comprendre, il m’a fait penser à un vieil ours blessé. Il réagit à l’instinct et dépasse les limites pour aller au bout de son enquête. Il est plus solitaire, borderline, il se laisse souvent envahir par la colère. J’ai apprécié son évolution, il reste attachant même si il est plus torturé.
Donc plongez au cœur de la Mongolie blessée, des trafics et des jeux de pouvoir avec les temps sauvages, récit foisonnant, impeccable mené de main de maître par l’auteur. Vivement la suite.
PS: merci au livre de poche, à l'association lire c'est libre pour la rencontre et la dédicace. Vivement le 3eme tome des aventures de Yeruldegger.
PS 2 pour la 2eme photo elle a été faite à Honfleur, c'est le port, vous comprendrez en lisant le roman.