En contrepoint à la note de lecture d’Antoine Emaz sur le livre de Claude Minière, Le Divertissement, cet extrait :
Arc et flèches, atomes, vous me direz, c’est archaïque, régressif même. Mais l’homme moderne, qui va de l’avant, n’apparaît-pas de plus en plus comme allant droit dans le mur, et le sachant et le cachant ? Je me suis intéressé à des poètes américains modernes, je me suis intéressé à Ezra Pound parce qu’il était moderne, mais ce n’est pas ma voie, je ne suis pas moderne, je cherche, je ne suis pas Picasso, je cherche. Je repense à Pascal, à Proust, à Homère. S’ils sont encore avec moi, ils ne sont pas à côté de moi, non, ils sont passés, trop loin, ils sont un peu dans mon sang, dans ma « brouette », mais les chemins de vie sont divers, les temps sont différents. Ni farce, ni tragédie, c’est l’histoire et l’au jour dit. Il s’agit désormais de tenir une idée du poème comme acte, non de « l’art pour l’art », mais comme acte qui ne remplace pas d’autres actes, ni même qui s’y mêle. Et au bout de ce chemin à l’autre bout du monde, parmi les montagnes émeraude, je suis le premier à avoir descendu Siba et monté Ziho.
Claude Minière, Le Divertissement (notes à l’arrivée), Tarabuste éditeur, 72 pages – 11€, p.63.