24 mai 2016 / Lorène Lavocat (Reporterre)
Le projet géant d’un « pôle de loisirs, de commerces, de culture et d’hôtellerie » dans le Triangle de Gonesse, au nord de Paris, est soumis au débat public depuis deux mois. Mais ses opposants, pointant les déséquilibres et insuffisances du débat, ont décidé de porter plainte devant le Parlement européen.Les dernières terres fertiles du Nord-parisien font de la résistance. Menacés, les champs de Gonesse s’invitent au Parlement européen. Les opposants au projet de complexe touristique et commercial d’Europacity devraient en effet déposer dans les prochains jours une plainte contre la Zone d’activité commerciale du Triangle de Gonesse devant la Commission des pétitions, à Bruxelles.Leur but : faire entendre leur voix face à Auchan, promoteur de ce complexe pharaonique de 80 ha à travers sa filiale Alliages et territoires. « Il nous est impossible d’exprimer un autre point de vue et de remettre en cause le projet », soutient Marion Robert, consultante auprès du Collectif pour le Triangle de Gonesse (CPTG). Le débat public, lancé il y a deux mois, n’y a rien changé. « Le maître d’ouvrage dispose de bien plus de temps que nous, et il a des moyens de communication et de lobbying sans commune mesure avec les nôtres. » Avec 3,1 milliards d’euros d’investissements privés, Europacity, présenté comme un futur « pôle de loisirs, de commerces, de culture et d’hôtellerie », bénéficie du soutien affiché de nombreux élus locaux, du préfet de région et du Premier ministre.
- La maquette du projet Europacity.
La méthode du saucissonnage
Précautionneux, les opposants rechignent à révéler leur stratégie, afin de « ne pas donner trop d’armes à Auchan ». L’avocat Raphaël Romi — qui défend également des collectifs contre l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes — accompagne le CPTG dans cette démarche de longue haleine... Car la procédure devant la commission des pétitions devrait prendre au moins huit mois.« Une fois la requête déposée, elle doit être examinée par la présidence du Parlement européen, avant de donner lieu à une enquête de la Commission européenne », explique Romain Gaillard, collaborateur de Pascal Durand. S’il y a bien non-respect de la législation européenne, les autorités peuvent ensuite faire pression sur la France, via par exemple une mise en demeure, comme ce fut le cas avec la barrage de Sivens.Pour les opposants, pas de doute : l’urbanisation du Triangle de Gonesse recèle bien des illégalités. Notamment quant au respect de la démocratie environnementale. Fractionnement des procédures, absence d’une étude globale des impacts... « Europacity s’insère dans un projet plus large d’aménagement du territoire, avec une zone d’activité commerciale, une gare et une ligne de métro, rappelle Marion Robert. Or, il n’y a aucune évaluation globale, par exemple quant aux émissions de gaz à effet de serre ou au bilan énergétique : chaque projet est examiné et débattu séparément ! »- Claude Brevan, qui dirige la commission du débat public autour du projet Europacity, le 18 mai.
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Source : Lorène Lavocat pour ReporterrePhotos : © Lorène Lavocat/Reporterre
. chapô : Un des champs du Triangle de Gonesse menacés par le projet Europacity.http://reporterre.net/Denoncant-la-parodie-de-democratie-sur-Europacity-les-ecologistes-se-tournent