Rêverde Franck Thilliez 3,75/5 (19-05-2016)
Rêver (597 pages) sort e 26 mai 2016 aux Editions Fleuve.
L’histoire (éditeur) :
Abigaël souffre d'une narcolepsie sévère qui lui fait parfois confondre la réalité avec ses reflets chimériques. De nombreux mystères planent autour de la jeune psychologue, notamment concernant un accident dont elle est miraculeusement sortie indemne.
Mon avis :
Ce n’est certainement pas dans un rêve que nous entraîne évidement Franck Thilliez avec son nouveau roman. Mais plus dans un cauchemar, celui d’Abigaël Durnan, psycho criminologue narcoleptique sujette à des crises de cataplexies occasionnelles. Rien que ça !
Abigaël travaille avec la section de recherche sur l’affaire « Merveille 51 » (rapport à Alice, prénom de la première victime et au département de l’enlèvement), et tente aux côtés du capitaine de gendarmerie Patrick Lemoine et directeur d’enquête, de mettre la main sur Freddy, un kidnappeur d’enfants (trois à son actif) prénommé ainsi à cause des macabres mises en scène qui suivent, rappelant le terrifiant personnage des films de Wes Craven.
Très vite, Abigaël se retrouve très vite confrontée intimement à cet homme, sans jamais vraiment savoir à quel point…
Franck Thilliez signe là un one-shot très addictif qui nous fait entrer dans les méandres du sommeil et du rêve à travers la maladie de sa protagoniste, ce qui lui permet aussi de nous faire douter de ce qu’elle vit. Quelle est la part onirique ? Où commence le rêve ? Abigaël est-elle éveillée ? S’agit-il d’une hallucination ?... Même s’il joue continuellement avec la véracité de ce que vit Abi (il y a là un petit côté Inception déconcertant), il ne fait pas durer l’incertitude, préférant jouer de nous ponctuellement en nous faisant faire des allers-retours dans le vrai et dans le rêve. Ainsi, il nous embrouille mais on finit toujours par nous faire retomber sur nos pattes. Car si la frontière entre le cauchemar et la réalité est mince chez Abigaël, elle l’est moins pour le lecteur qui suit l’enquête avec davantage de recul et de conviction que cette profileuse pourtant brillante, plongée dans le chaos de son esprit.
C’est avec un sentiment plus déroutant et inquiétant que l’on progresse dans l’intrigue, épouvanté par ce qu’elle vit, inquiet de la voir sombrer dans la folie et surtout captivé par la manière dont l’auteur construit et imbrique les éléments de son histoire.
Franck Thilliez a choisi de nous exposer l’histoire de manière désordonnée, tout en nous donnant es clés pour s’y retrouver facilement, grâce à un frise qui nous permet de se situer régulièrement dans la chronologie des faits. Cette audace dans la narration, qui peut inquiéter au premier abord, se révèle d’une grande efficacité. La construction sinueuse, minutieuse et maitrisée permet une lecture de presque 600 pages sans longueur et qui joue sur le suspens (retardant les révélations).
Cette lecture s’avère, en vérité, moins complexe qu’on ne l’imagine en se plongeant dans les premières pages. L’écriture du maitre Thilliez y est évidement pour beaucoup car on est tellement pris dans les mailles de sa narration que tout s’imbrique naturellement dans notre esprit. Mais on est, comme d’habitude, encore loin de la vérité…
Rêver mise sur une intrigue riche, sur un suspens omniprésent, une tension qui va croissante à mesure que les éléments convergent vers Abigaël et sa famille (mais qui, contrairement à d’autres de ses précédentes publications, est moins intense), et sur une structure narrative particulière qui laisse doucement le puzzle se former. Rien d’original dans le scénario en vérité mais la forme suffit à nous surprendre sans qu’il soit nécessaire de trop en faire dans le fond.
Sans vouloir faire ma tatillonne, j’ai été un peu moins emballée par les motivations de « Freddy » et la manière dont elles sont annoncées, comparé au reste du scénario. Néanmoins, Rêver est une lecture macabre, précise et au rythme sans faille que j’ai appréciée suivre et vivre !