Jacqueline Chabbi: «Le Coran reflète une société traditionnelle tribale qui était extrêmement pragmatique»
Une tresse de cheveux blancs qui fait sagement le tour de la tête et tranche avec l’épaisse veste en cuir élimé. Un volumineux sac à dos qui a fait, lui aussi, huit heures de train entre une maison de pêcheur de Doëlan, dans le Finistère, et Libération, à Paris. D’origine bretonne, Jacqueline Chabbi, historienne, a grandi en région parisienne. Elle y apprend ses premiers mots d’arabe de ses camarades algériennes. La nationalisation du canal de Suez en 1956 et l’expulsion des Juifs égyptiens est curieusement un des épisodes décisifs de son parcours atypique : un ami égyptien de sa mère arrive alors en France et lui enseigne l’alphabet arabe. Elle est une des rares agrégées d’arabe qui ne soit pas passée par Langues O (l’Institut national des langues et civilisations orientales). Elle a eu pour professeurs les derniers grands orientalistes, comme Régis Blachère qui enseignait la littérature arabe du Moyen Age à la Sorbonne et à qui on doit une traduction critique du Coran. Elle publie aujourd’hui les Trois Piliers de l’islam (Seuil), qui replace le discours coranique de Mahomet dans son contexte d’origine, la société tribale du début du VIIe siècle, et montre que le divin est lié à l’humain et à ses nécessités vitales.
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