Au sein des grandes institutions financières, les activités de conservation de titres figurent probablement parmi les plus riches en données brutes inexploitées. Naturellement, l'émergence des concepts « big data » éveille l'attention des leaders du domaine. BNY Mellon dégaine la première avec sa nouvelle offre « Asset Strategy View ».
Bien que son métier puisse paraître un peu banal, il suffit de savoir que BNY Mellon – numéro 1 du secteur – conserve 28.9 billions de dollars d'actifs (dans le monde entier) pour commencer à appréhender le volume et la qualité d'information que peut recéler cette mine cachée. Au-delà du simple point de vue statique, les mouvements sur les titres procurent un aperçu incroyablement large et précis sur la vie des marchés financiers, accessible à nul autre participant. Voilà bien de quoi exciter les convoitises.
Pionnière, la solution Asset Strategy View concerne exclusivement les États-Unis (initialement ?). C'est donc en collectant, anonymisant, combinant et normalisant les données qui concernent « seulement » 1,7 billions de dollars d'actifs – statistiquement représentatifs, malgré tout, puisque correspondant à environ 20% du « stock » total du pays – que BNY Mellon produira chaque mois un rapport d'analyse détaillé à plusieurs dimensions, sur 14 classes principales d'actifs et 38 sous-catégories, incluant répartitions sectorielles, flux et transferts, résultats…
Ainsi armés, les gestionnaires de fonds, qui devraient constituer l'essentiel de la clientèle du nouveau service, pourront comparer leurs stratégies avec celles de leurs pairs, en accédant à une vue agrégée des choix d'allocation et de l'évolution des positions de l'ensemble des clients de BNY Mellon. Une extension spécifique (« Asset Allocation Trust Universes ») donnera en outre à certains la possibilité d'un étalonnage encore plus fin, en leur proposant de filtrer les évaluations sur des fonds de taille comparables à la leur.
Bien sûr, par rapport au potentiel des données que détient BNY Mellon, le cas d'usage retenu pour cette première solution est plutôt modeste, notamment en termes de complexité d'analyse. Pourtant, la valeur apportée aux clients est déjà apparente. Imaginez alors les opportunités qui restent à saisir… À terme, en prenant de plus en plus d'importance, elles pourraient même permettre d'envisager une mutation du modèle de la conservation de titres, lui-même menacé par d'autres transformations…