On estime l’incidence de l’ictère du nouveau-né à 60% chez les nouveau-nés à terme et à 90% chez les bébés prématurés. 6 à 10% des nouveau-nés à terme présentent une bilirubinémie qui, lorsqu’associée à des cofacteurs de morbidité, peut entraîner des effets neurologiques sévères. Les sorties de maternité de plus en plus précoces entraînent une résurgence de ce risque, sur laquelle a alerté l’Académie de Médecine. La bonne prise en compte des facteurs de risques et le traitement par photothérapie précoce restent aujourd’hui les principaux modes de prévention. Cependant, cette étude du Dana-Farber Cancer Institute (Boston), présentée dans la revue Pediatrics, révèle un lien possible entre la photothérapie néonatale et le risque de cancer chez l’enfant. De premières données qui imposent prudence et décision éclairée.
2 études précisément soulèvent la question du lien possible entre cette thérapie standard de l’ictère du nouveau-né et un risque accru de cancer à l’enfance. Une suggestion, précisent les auteurs dans leur communiqué, qui ne doit pas modifier à ce stade, les critères de recours à la photothérapie, chez les bébés à risque de lésions cérébrales ou de perte auditive.
La première étude, la California Late Impact of Phototherapy Study (CLIPS) a analysé les données de 5 millions d’enfants nés dans les hôpitaux californiens entre 1998 et 2007. L’analyse révèle :
· une association entre la photothérapie et l’incidence du cancer, dont la plus élevée est un risque multiplié par 1,6 de leucémie myéloïde aiguë.
· D’autres risques semblent également significativement accrus (dont celui de tumeur de Wilms, ou néphroblastome représentant environ 90 % des cancers du rein chez l’enfant).
La deuxième étude, la Late Impact of Getting Hyperbilirubinemia of photoTherapy (LIGHT) a analysé les données de 500.000 enfants nés dans le système de soins de santé du » Kaiser Permanente Northern California » entre 1995 et 2011. L’étude estime que,
· 16% des bébés ont reçu une photothérapie (en 2011), soit une hausse de la pratique de 3% en 15 ans.
· Les associations entre la photothérapie et le cancer de l’enfance ne sont pas statistiquement significatives, mais à nouveau, les chercheurs observent une association entre photothérapie et risque accru de leucémie myéloïde aiguë.
Ces données interviennent à une période où le nombre de nourrissons recevant la photothérapie est en augmentation, cependant dans la seconde étude, les résultats restent peu concluants et plus statistiquement significatifs chez les enfants atteints de trisomie 21, déjà connus pour être à risque accru de leucémie. Cependant, la photothérapie n’est pas une intervention sans risque, rappellent les auteurs. Les risques associés à son exposition nécessitent dès lors un examen attentif et les chercheurs appellent à de nouvelles approches de recherche par » big data » pour préciser son impact éventuel dans le développement de certains cancers pédiatriques.
Source: Pediatrics May 2016 Neonatal Phototherapy and Infantile Cancer (Visuel@Katherine C. Cohen, Boston Children’s Hospital)
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