Le Castor Astral publie Plein Emploi du poète Jean-Claude Pirotte, disparu en mai 2014.
avec les nuages
il convient de se méfier
ils sont de passage
ils ne vont pas à pied
pourtant ils marchent sous la pluie
quand ils s’ennuient
/
le soleil a disparu
derrière les encres
on ne voit pas non plus
de bateaux à l’ancre
/
Le brouillard se lève tard
or je ne suis pas pressé
je vis dans le passé
ignoré comme un bâtard
//
la rime vient quand elle veut
petite étoile filante
c’est le moment de faire un vœu
pour le lézard et la salamandre
on attend que le destin passe
pour l’attraper par les cheveux
on essaie de suivre les traces
des revenants qui sont curieux
mais au moindre bruit s’effacent
comme les mots sur l’ardoise
de l’écolier redoublant
qui sait que tout est perdu d’avance
/
il fut jadis impératif
de composer des lais antipoétiques
mais ça n’a plus d’importance
aujourd’hui que la mort s’avance
en grand apparat vêtue de falbalas
armée de sa faulx en plastique
et de ses faux grands yeux d’impala
et de ses vrais appareils numériques
l’entendrons-nous dire je suis là
mais non sa voix ne porte pas
plus loin que ses pieds élastiques
et puis elle aussi passe de vie à trépas
Jean-Claude Pirotte, Plein Emploi, Le Castor Astral, 2016, pp. 13 à 15 et 62 et 63.
Jean-Claude Pirotte dans Poezibao :
bio-bibliographie courte, bio-bibliographie commentée par les textes, Hollande (note de lecture de B. Moreau), Passage des ombres (parution), extraits 1, Revermont, extrait 1, le prix Kowalski, extrait 2 ; Le Promenoir magique (par F. Trocmé), extrait 3, ext. 4, ext. 5, prix Apollinaire 2011, ext. 6, ext 7, sa mort, "Gens sérieux s’abstenir", par Jacques Morin