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Nous connaissions le phénomène de burn-out. Voici qu’apparait désormais un nouveau fléau: le bore-out. A l’instar de son analogue, le bore-out est assimilé à un épuisement professionnel mais lui trouve son origine dans l’ennui au travail.
Bien qu’il ne soit pas nouveau en soit, le bore-out peut être assimilé à une nouvelle maladie moderne. Peter Werder et Philippe Rothlin les premiers ont mis en lumière le problème en 2007 dans leur ouvrage "Diagnosis Boreout". On lui préfère souvent le terme de "placardisation" bien connu de la fonction publique. Mais la tendance tend à se généraliser. Manque voire absence de missions au quotidien, défis professionnels proche de zéro ou nul, et donc motivation réduite à néant, sont la source de ce phénomène, qui toucherait selon les spécialistes, près de 30% des Français.
Démotivation, dévaluation de l’estime de soi, sentiment d’inutilité, stress et anxiété sont autant de symptômes et d’indices que l’on plonge doucement vers le bore-out. Il est responsable de troubles psychologiques ayant des conséquences sur la santé morale et physique et engendre notamment un état dépressif qui, paradoxalement, avoisine une incapacité totale de répondre à l’absence de fonction.
Il faut dire aussi qu’il est d’autant plus difficile d’admettre que l’on s’ennuie à mourir ou que l’on soit payé à ne rien faire quand on sait que la France comptait quelques 3,5 millions de chômeurs en 2015. Le syndrome du bore-out s’accompagne souvent d’un sentiment de honte et de culpabilité qui représente le principal frein au fait de briser le silence.
Pendant que le burn-out peine à se faire reconnaitre comme maladie professionnelle, le bore-out, lui, n’a toujours pas trouvé de véritable définition. Interrogé par le magazine Challenges, le spécialiste de la santé au travail Philippe Zawieja déclarait: "i[il n’existe, d’un point de vue médical et psychologique, aucun critère de définition stabilisé et consensuel sur le sujet. Par ailleurs, dans l’état actuel du droit français, le bore-out ne figure pas au tableau des maladies professionnelles, qui recense sur la base de conditions précises, les pathologies ayant pour cause directe l’exposition du travailleur à un risque physique, chimique ou encore biologique dans le cadre de son activité professionnelle. Enfin, [poursuivait-il] dans la pratique, aucun comité régional de reconnaissance des maladies professionnelles (CRRMP) n’a eu à se pencher sur ce type de cas, à ma connaissance]i".
Vraisemblablement, le chemin vers la reconnaissance de maladie professionnelle sera sans doute encore long, mais l’éveil des consciences est bel et bien en marche; comme le montre le cas du quadragénaire Frédéric Desnard, ayant porté l’affaire devant le Conseil des Prud’hommes de Paris le 2 mai 2016.