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Trois livres sous le feu de l'actu cannoise

Par Filou49 @blog_bazart
23 mai 2016

  Ca y est, Cannes 2016,  c'est maintenant fini depuis hier soir avec un Palmarès qui n'a pas fait que des heureux mais qui personnellement me contente plutôt pas mal (Dolan, Loach, Farhadi a priori j'adhère bien :o), même si j'attendrais de voir d'ici la fin de l'année les films en compétition  pour me prononcer vraiment sur le bien fondé dudit palmarès..

. En attendant, j'ai fait le tri  la semaine passée dans les livres que j'avais dans ma bibliothèque  et j'en ai trouvé trois qui résonnaient étrangement avec l'actu des films cannois présentés en compétition. à savoir les films "Elle" de Paul Verhoeven, "Loving" de Jeff Nichols et "Ma Loute" de Bruno Dumont. Trois films qui n'ont rien obtenu lors de ce Palmarès mais qui ont pourtant été  pas mal remarqués lors de leur présentation officielle. Revue de ces trois livres en lien plus ou moins direct avec la sélection cannoise...

 1. Paul Verhoeven, Jesus de Nazareth (edition aux Forges du Vulcain)

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" Dans cet ouvrage, j'ai essayé de jeter le regard le plus pur possible sur la vie de Jésus, de cerner le Jésus sans artifice".

Vingt-quatre ans après “ Basic Instinct ”, Paul Verhoeven était de retour à Cannes pour  y présenter “ Elle ”, son premier film français. Dernier film de la compétition cannoise, ce samedi 21 mai, Elle n’est pas passé inaperçu sur la Croisette, mais n'a visiblement pas fait l'unanimité dans le jury.  Toujours aussi sulfureux, le réalisateur néerlandais longtemps passé par Hollywood est l' un des cinéastes les plus connus et les plus respectés qui soient.

Qu'on aime ou pas son univers ( je ne suis pas le plus grand fan au départ), force est de reconnaitre qu'avec RoboCopTotall RecallBasic Instinct et Starship Troopers, il est en effet parvenu à bâtir une œuvre populaire et pointue, qui recueille un large succès public et la reconnaissance critique.

Cinéaste du divertissement hollywoodien et féroce satiriste, grinçant et provocateur, Verhoeven  a également l'an passé publié "Jesus de Nazareth" dans lequel donne ici sa vision de Jésus : iconoclaste, irrévérencieuse et pleine de surprises.

En fait, depuis trente ans, Verhoeven a  ressenti le besoin de faire un grand film sur Jésus, non pas sur le Jésus fils de Dieu, mais sur cet homme qui a bel et bien existé, le Jésus historique. Dans ce livre, le cinéaste néerlandais livre les intuitions et les idées qui feront le cœur de ce film. Voici le Jésus de Verhoeven : un leader politique, porteur d’une révolution morale inédite, qui prend la défense des faibles contre toutes les hypocrisies de la société de son temps.

Avec pour dessein de produire un film sur Jésus de Nazareth,  Verhoeven s'est documenté passionnément sur ce personnage pendant 25 ans et peint en Jésus une union idéale de l’art et de la politique : grâce à ses paraboles, Jésus parvient à galvaniser les foules et faire trembler les empires.

Assez critique à l'égard des œuvres cinématographiques centrées sur Jésus, Verhoeven trousse un livre comme le livre qu'il aurait aimé faire, centré   sur l'homme Jésus,  car pour Verhoeven il a bien  existé et crucifié par les romains, mais  tout le reste  de sa vie est ouvert au débat.

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Et resitue l'histoire de Jeus resitué dans son contexte historique, celui d'une Palestine juive colonisée par les Romains et secouée par des révoltes sporadiques contre l'autorité étrangère.

Verhoeven  adopte donc un parti pris rationaliste, concernant notamment les miracles prétendus de Jésus. et cherche à chaque fois à comprendre ce que chaque évenement surnaturel dissimule.

Avec ce livre forcément polémique et subjectif, Paul Verhoeven prouve qu'il  n'est  assurément pas un théologien, mais reste un conteur hors pair, sans cesse guidé par  la rationalité qui écarte à chaque fois le mystique.   Un parti pris captivant.

Et évidemment, je ne manquerais pas d'aller voir très vite en salles ce "Elle" qui sort dè mercredi et le comparer avec le livre de Philippe Djian "Oh "que j'avais chroniqué il y a quelques années.

 "Elle" de Paul Verhoeven, thriller féministe #Cannes2016

2.  L'amour des Loving, Gilles Biassette ( ed Baker Street)

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 "John avait profité des bouchons pour faire le tour des stations sur sa radio. Celles de droite comme celles de gauche, pour écouter les dernières informations sur l'équipe Obama, en cours de préparation avant la prise de fonction du nouveau Président en janvier, et sur la crise immobilière qui n'en finissait pas de ravager l'Amérique."

Présenté à mi parcours, le  lundi 16 mai,   le  film "Loving" le nouveau  long métrage tourné par Jeff Nichols sélectionné dans la compétition officielle à Cannes, s'inspirait  d'une histoire vraie,  dont un  livre, paru au printemps 2015 et écrit par Gilles Biassette, "L'Amour des Loving" reprend exactement la même histoire.   Nicchols n'a pas cherché à adapté le livre de Gilles Biassette à l'écran, ce sont visiblement plutot  deux interprétations de la même histoire; d'ailleurs le livre de Gilles ajoute un ou deux autres fils très intrigants à la situation de base. Mais ce qui est certain,  c'est que le  livre et le film partent donc de la même histoire vraie, celle de Mildred et Richard Loving, dont le mariage "mixte" leur avait valu d'abord la prison et ensuite l'exil de leur état, la Virginie, à la fin des années 50. Après une longue bataille judiciaire, ce mariage a été validé quelques années plus tard, en l967, par la Cour suprême, ouvrant la voie aux unions interraciales, interethniques, etc., pour tous dans les années à venir, marquant ainsi un tournant dans l'histoire américaine.
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  Leur histoire vaut la peine d'être rendue publique,  car elle se situe à une époque pas si lontaine et  nous démontre avec sensibilité et sincérité que  l'Histoire  avec un grand H peut être changée par deux personnes simples à force de tenacité, non pas par  militantisme mais purement par amour.

"Loving" de Jeff Nichols : en ce temps-là, aux Etats-Unis...

3. Comédie française, Fabrice Lucchini ( Flammarion)

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" Sur ce film de Dumont, j'experimente profondément ce qu'est un acteur de cinéma. Il pousse le jeu. Il n'aime pas les nuances. Il n'aime pas le naturalisme. Ce qu'il appelle le naturalisme est ce que je suis tenter d'appeler la justesse".

Je me suis plongé, quelques semaines avant Cannes  où il venait présenter Ma Loute de Bruno Dumont ( dont j'ai parlé vendredi dernier) dans la première autobiographie tant attendue de l'immense Fabrice Lucchini qu'il avait publié chez Flammarion  en mars dernier et que chaque fan de l'acteur- dont je fais assurément partie, ne pouvait que se procurer.

Un livre qui ne constitue pas vraiment ses mémoires comme on avait eu tendance un peu à le vendre à sa sortie,  puisque si Fabrice Lucchini y  raconte rapidement sa vie, il revient  surtout sur ses tous débuts,  en nous expliquant comment l'apprenti coiffeur qu'il était à 13 ans est devenu celui qui fait aimer les Lettres par ses lectures seul en scène et surtout sur cet amour de la langue française qui l'anime et qu'il défend et au théâtre et dans les médias  avec sa verve et la faconde légendaire.

Par contre, que les amateurs des coulisses de tournage ravalent leur déception : on  n'aura pas droit à des anecdotes de tournage que Lucchini juge d'emblées peu interessantes et on n'aura donc rien de tel, 

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 à part un petit journal de bord très bref sur le tournage de "Ma Loute," que Lucchini tournait au moment de l'écriture du livre, et on s'aperçoit comme l'acteur l'a confirmé à Cannes que les relations de tournage avec Bruno Dumont - qui a réalisé la vie de Jésus ( cqfd) ne fut pas des plus simples qui soient.

 Mais avant tout,  "Comédie Francaise " est surtout une ode aux grands textes : La Fontaine, Céline, Molière, Philippe Murray,  Roland Barthes ou encore Nietzsche. sont ainsi glorifiés et analysés dans ce  "Comédie Française" qui  sonne  parfois  comme un recueil de citations qu'on lit avec en tête le phrasé si particulier de Lucchini. 

 Parfois , c'est aussi delectable qu' à l'oral, parfois  en revanche, ca passe un peu moins bien et on s'aperçoit alors en lisant quelques phrases de ce livre, combien il s'avère difficile de transposer le langage parlé en langage écrit..

De même, la charge contre la société actuelle n'est pas toujours des plus fines et accentue le coté un peu réac qui  colle souvent à la peau de ce fan de Philippe Muray ( exemple :  "  Par les soirs bleus d’été, j’irai par les sentiers (Rimbaud). Avouez que c'est quand même autre chose que ces images où les gens sont très épanouis mais toujours avec des chips et où tout le monde est en groupe », mais malgré ces quelques reserves (et puis on connait le bonhomme, on sait que tout n'est pas à prendre au pied de la lettre), le plaisir de lecture est éivdent si on aime le bonhomme ...et les alergiques au comédien passeront évidemment leur chemin..

Cannes 2016 : F. Luchini très inspiré pour "Ma loute" sur F. Inter! 13/5


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