Adonis Johnson n’a jamais connu son père, le célèbre champion du monde poids lourd Apollo Creed décédé avant sa naissance. Pourtant, il a la boxe dans le sang et décide d’être entraîné par le meilleur de sa catégorie. À Philadelphie, il retrouve la trace de Rocky Balboa, que son père avait affronté autrefois, et lui demande de devenir son entraîneur. D’abord réticent, l’ancien champion décèle une force inébranlable chez Adonis et finit par accepter…
Ceux qui me connaissent un peu sont au courant que j’adore la franchise cinématographique consacré à Rocky Balboa. C’est typiquement le genre de films que je ne me lasse pas de revoir et qui me replonge à chaque fois dans ma jeunesse. Du coup, quand j’ai su qu’un spin off allait sortir en salles, c’est sans aucune hésitation mais avec énormément d’attentes que je me suis déplacé pour visionner « Creed – L’héritage de Rocky Balboa ».
Et c’est bien simple, j’ai adoré. J’ai retrouvé tout ce que j’aime dans cette franchise tout en me plongeant dans un autre univers. Sur le papier pourtant, la trame reste sensiblement la même que ce que l’on a déjà pu voir avec un savant mélange entre le côté intimiste du premier film, la tendresse du dernier et un soupçon de combats maitrisé aussi prenant que l’ensemble de la saga.
On retrouve toujours le mec un peu paumé qui se recherche et qui va avancer dans sa quête à travers la boxe. L’importance de la famille, les bonnes valeurs, les séances d’entrainements, le fait de se battre pour atteindre ses rêves, le combat face à soit même… Même la fin n’est pas sans rappeler celle du premier film mais pourtant, on reste pris de bout en bout.
La passation de relai fonctionne bien et mine de rien, on installe aussi de nouveaux éléments qui nous permettront plus tard si il y a des suites de prendre d’autres directions. Le lien entre cette ancienne génération et la nouvelle qui arrive est pas mal et au final, ce spin off réussi l’exploit de se démarquer malgré l’ombre des six précédents Rocky qui plane au-dessus de sa tête. On nous offre un combat passionnant qui n’est pas honteux, qui sort du lot, qui est émouvant et qui est passionnant. La boxe est reléguée un peu au second plan pour revenir à des émotions plus humaines comme le premier film avait su nous procurer.
Devant la caméra, le nouveau champion c’est Michael B. Jordan (Adonis Johnson Creed). Ultra charismatique et plus percutant, il rentre tout de suite dans la peau de son personnage avec beaucoup de crédibilité. Comme toujours dans la franchise, on n’échappe pas à certains clichés et autres stéréotypes mais l’acteur s’en sort vraiment bien. On a tout de suite de la sympathie pour lui et on prend du plaisir à le suivre dans son combat.
Pour l’introduire dans ce monde, on retrouve aussi avec beaucoup de plaisir et de nostalgie Sylvester Stallone (Rocky Balboa). Le comédien n’a pas toujours eu je trouve la reconnaissance qu’il mérite réellement mais ici, il est vraiment incroyable. Il retrouve son personnage phare et même au bout de sept films, il réussit encore à nous surprendre en nous dévoilant de nouvelles facettes de son jeu. Rocky est vieillissant, il est seul, il est malade… On va encore plus loin que la simple nostalgie et Sylvester Stallone démontre que si il a fait ses preuves dans l’action, il n’a pas volé pour autant son statut d’acteur à part entière.
Derrière, le reste de la distribution est pas mal du tout aussi. J’ai trouvé Tessa Thompson (Bianca) assez sympathique, elle pourrait très bien être la nouvelle Adrian en proposant quelque chose de différent. Phylicia Rashad (Mary Ann Creed) est bonne aussi même si ses apparitions sont plus discrète. Elle permet de faire un autre lien avec les Rocky en remettant de façon intelligente Appolo Creed dans le récit.
Je vais faire l’impasse sur Ritchie Coster (Pete Sporino) et Graham McTavish (Tommy Holiday) qui sont prévisible et caricaturaux sans que ça soit choquant. En revanche, je trouve ça un peu dommage que Tony Bellew (« Pretty » Ricky Conlan) manque cruellement de charisme. Le côté cliché de son personnage ne me dérange pas mais le comédien, qui fait pourtant ce que l’on attend de lui, manque vraiment de charisme face à Michael B. Jordan. L’issue finale rappelle le premier Rocky sauf que si Sylvester Stallone trouvait physiquement un adversaire cohérent avec Carl Weathers, Tony Bellew lui fait vraiment trop léger je trouve et du coup manque un peu de crédibilité…
Sinon c’est le premier film que je découvre de Ryan Coogler bien que je serais curieux de découvrir son « Fruitvale Station » que j’ai raté en salles et que j’irai très certainement voir son prochain « Black Panther ». Ce que j’ai vu m’a énormément plu. Là encore, le réalisateur a su garder des éléments phares de la franchise tout en donnant à ce spin off sa propre identité ce qui lui permet d’exister sans jamais être étouffé.
La réalisation est brillante avec certains plans que je trouve juste magnifique. La caméra se balade dans ce récit, on est proche de nos héros, on lutte avec eux et on a des plans séquences que je trouve assez dingue. Les quelques combats que l’on nous montre sont très prenant et filmé avec beaucoup de maitrise. J’ai retrouvé les sensations que les autres combats de la franchise avaient pu me procurer.
J’ai beaucoup aimé aussi les différents décors. Me replonger dans Philadelphie avec un nouveau regard, une nouvelle vision est fort plaisant. La photographie et la lumière sont aussi très belle et contribue pour beaucoup à l’ambiance et à la beauté générale du film. Il y a une douceur dans ce film et une rage de vaincre que j’ai énormément appréciés.
Le montage est lui aussi très réussi. Le long métrage dure plus de deux heures et pourtant, je n’ai jamais vu le temps passé et je ne me suis pas ennuyé une seule seconde. J’ai adoré l’atmosphère générale qui se dégage de cette histoire. Quant à la bande originale de Ludwig Göransson, elle est très efficace aussi avec des tonalités que l’on a déjà entendues dans cette saga et d’autres nouvelles qui font un lien aussi entre les films. Le côté musique un peu plus punchy est contemporaine ne m’a pas gêné, on passe à autre chose, je reste nostalgique des anciennes musiques mais ça marche. Il n’y a qu’avec les musiques dans l’univers de Bianca que j’ai eu un peu plus de mal car ce n’est pas trop ma came mais ça ne m’a jamais fait sortir du film pour autant.
Pour résumer, tant que la cloche n’a pas sonné, le combat continue. Si on voit que la fin approche pour Rocky Balboa, son héritage est pour l’instant entre de bonnes mains avec « Creed ». Percutant, efficace, novateur tout en gardant une trame qui a fait ses preuves, le long métrage de Ryan Coogler a réussi amplement son pari de repartir dans une autre direction. Michael B. Jordan n’a pas à rougir de sa performance, Sylvester Stallone est très émouvant et excellent tandis que la mise en scène m’a offert un véritable uppercut. J’ai passé un excellent moment de cinéma devant ce film que je reverrais de nouveau avec un très grand plaisir.