Eté 1910, Baie de la Slack dans le Nord de la France. De mystérieuses disparitions mettent en émoi la région. L'improbable inspecteur Machin et son sagace Malfoy (mal)mènent l'enquête. Ils se retrouvent bien malgré eux, au cœur d'une étrange et dévorante histoire d'amour entre Ma Loute, fils ainé d'une famille de pêcheurs aux mœurs bien particulières et Billie de la famille Van Peteghem, riches bourgeois lillois décadents.
Festival de Cannes oblige, on entend beaucoup parlé de cinéma en ce moment, pour mon plus grand plaisir. Si je le pouvais, j'irais voir tous les films qui sortent ou presque ou je passerais mon temps à lire la presse et à écouter la radio pour entendre parler des nouveautés. Mais ça ce serait si on vivait dans un monde de bisounours...
Bref... quand j'ai entendu parlé de ma loute j'ai surtout retenu les mots clés : Bruno Dumont + Les Dunes de la Slack + Luchini. Bingo, tiercé gagnant !
Parce que j'ai découvert Le P'tit Quinquin sur Arte en même temps que je découvrais Bruno Dumont et son amour pour le Nord de la France, parce que les Dunes de la Slack et la Côte d'Opale sont des lieux que je chéris tout particulièrement (la preuve je vous en ai parlé là, là et encore là) et parce que Fabrice Luchini est un acteur que j'adore !!!!
Ceci dit, j'étais prévenue... Dumont on l'aime ou on le déteste, enfin, pas lui, son cinéma. Parce qu'il ne fait dans aucun genre connu; il invente, sort des sentiers battus, ose. Un ovni dans le cinéma français auquel on adhère...ou pas.
Je fais partie des " adhérents " et je n'ai pas du tout vu passer les 2h que dure Ma Loute !
Certaines personnes sont sorties dès le début de la projection, d'autres se sont marrées de bout en bout. J'adore entendre la réaction des spectateur dans une salle de cinéma, surtout lorsque ceux-ci sont choqués 🙂
Bruno Dumont nous parle cette fois encore de sa région, celle qu'il aime par dessus tout (et comme il a raison !), avec ses habitants et les clichés qui leur collent à la peau, ses paysages à couper le souffle, le tout avec une énorme dose d'humour et de tendresse.
Il dresse le portrait des gens du Nord. Les riches, les pauvres... Il n'hésite pas à faire dans le sanglant, dans le scabreux un peu, dans la provoque toujours. Mais en plus drôle que ses premiers longs métrages. Une fille/garçon, une famille anthropophage, des mariages consanguins, des policiers façon Laurel et Hardy, une histoire d'inceste...
Dumont a pris grand soin de détourner ses acteurs de ce que l'on connait d'eux et de les faire jouer au côté d'amateurs. Il a transformé Luchini en bossu engoncé, Binoche en Castafiore et Valéria Bruni Tedeschi en névrosée ! De tous ceux là, ceux qui semblent le moins futés ne sont finalement pas les plus bêtes.
Et l'on rit ! On rit même beaucoup pour peu que l'on ne s'offusque pas. On peut rire de tout mais pas avec n'importe quoi 😉
L'histoire en elle même ne casse pas trois pattes à un canard (des mystérieuses disparitions d'estivants dans la baie des dunes de la Slack sur fond d'histoire d'amour entre deux jeunes gens que tout oppose) mais ce sont bien les personnages et la loufoquerie du film qui en fait un moment délectable.