On doit à Pierre Masson, qui intervenait à nouveau lors des 3èmes Journées Catherine Gide pour évoquer « Gide sous le regard de la Petite Dame », une formule qui la résume bien : « Maria Van Rysselberghe a une oreille de magnétophone, un œil de photographe et une plume d'écrivain. » Plus le temps avance, plus le regard de la Petite Dame est familier mais également distancié.
Ainsi à « l'admiratrice débordée par l'importance des conversations » qu'elle doit d'abord relayer à Gide dans ses lettres puis consigner dans ses Cahierssuccède peu à peu « l'observatrice exigeante ». C'est grâce à la Petite Dame qu'on sait le souci vestimentaire de Gide qui, sous ses faux-airs débraillés, cache une négligence savante, très étudiée.
La Petite Dame se montre d'ailleurs très soucieuse elle aussi de l'apparence de Gide, veillant « à ce qu'il habite son importance, qu'il reste dans sa ligne », y compris vestimentaire. C'est grâce à elle aussi qu'on sait sa drôlerie « de clown japonais », « son honnêteté, sa façon d'être charmant, sa patience en amitié. »
« Si l'on compare ses Cahiers au Journal de Gide, on voit bien qu'il y a non seulement compatibilité, mais qu'ils se complètent. On doit à la Petite Dame d'avoir su nous montrer le fonctionnement compliqué de Gide », assure ainsi Pierre Masson. D'une certaine façon, la Correspondance complète ce panorama, dans les moments psychologiques comme dans le fonctionnement de leur quotidien