Merci à l'un de nos précieux "indics" du groupe gidien de Facebook de nous avoir signalé ce témoignage sans doute encore inconnu, paru le 12 mai dans le journal L'Humanité Dimanche. Dans un article d'interviou, le réalisateur Bertrand Tavernier raconte un dîner mémorable réunissant Claudel et Aragon :
« HD : Au début du film [« Voyage à travers le cinéma français », ndr], vous évoquez Aragon, quel rôle a-t-il joué pour vous ?
Bertrand Tavernier : On l'a caché un an à Montchat. C'est là qu'il a écrit beaucoup de poèmes, dont « Il n'y a pas d'amour heureux », dont j'ai l'édition originale dédiée à ma mère. Il a joué un rôle important dans la vie de mes parents, même si, après, mon père s'est un peu séparé de lui. À la libération de Lyon, mon père avait organisé un dîner entre Louis Aragon et Paul Claudel. Le moment a d'abord été glacial. Tout à coup, quelqu'un a mentionné le nom d'André Gide. Et ils se sont réconciliés dans une haine commune contre lui. Aragon détestant le type qui avait écrit « Retour d'URSS », qui critiquait très sévèrement le régime communiste. Claudel, le catholique, détestant l'homosexuel protestant qui représentait pour lui le comble du vice. Ainsi, Claudel est entré en grâce vis-à-vis du Parti communiste français, et il a été admis à publier un poème dans « les Lettres françaises », à la Libération. »
L'histoire ne dit pas s'il y avait, ce jour-là, des crêpes Suzette au dessert...