Dans une classe les acteurs ne sont pas si nombreux que cela. L’absence d’acteur tiers entre les quatre murs d’une salle de classe est un constat immédiat que tout enseignant fait le premier jour où il y met un pied. Il n’y a que lui et ses élèves. Une seule porte de sortie : le professeur doit s’appuyer sur la force et l’organisation du groupe pour décupler son potentiel. Mais pour cela, le groupe doit lui aussi être soumis à la pédagogie, au travail didactique de l’enseignant, autrement que dans sa seule dimension globale, celle d’une unité apprenante indifférenciée, sociale, qui ne rajoute qu’un élément à la situation didactique mais ne constitue pas un acteur sur lequel on peut s’appuyer pour augmenter l’efficience moyenne du système. Pour que le groupe devienne un acteur à part entière, il doit être considéré comme une entité sur lequel l’enseignant doit travailler, au même titre que l’élève et lui-même. L’idée que j’ai eue dans ma troisième strate réflexive (d’autres l’ont peut-être eue avant moi mais je ne l’ai trouvée nulle part !) est de modifier la géométrie du groupe classe de façon aléatoire et de ritualiser ces modifications en les rendant explicites dans le contrat que l’on tisse avec les élèves et en expliquant les vertus visées.
Les éléments concrets de la pédagogie naturelle
- Créer des « moments classe » en réorganisant les élèves par groupe (de 2 à 3) de façon aléatoire.
- Rester au bureau et faire venir les élèves à soi (le choix de l’ordre peut être aléatoire si besoin), pour évaluer et valider l’avancée de la recherche dans les groupes ou pour un élève. Questionner chaque membre du groupe pour évaluer son niveau de compréhension et d’avancée dans le travail et la réflexion. Evaluer les compétences mises en œuvre. Leur donner des éléments pour poursuivre. Aborder rapidement leur difficulté d’apprentissage. Les faire parler, se questionner, leur demander de justifier, de développer….
- Consigner les résultats de l’évaluation sur une grille (une échelle descriptive de 1 à 4 des critères de réussite suffit : passage d’une étape, qualité des justifications, capacité à expliquer, à prendre en compte une information, soin, aide aux camarades, …).
- Donner des éléments pour favoriser l’avancée des élèves suivant leur niveau, qu’ils soient de remédiation, d’approfondissement, de méthode ou valider simplement l’avancée du travail.
- Permettre aux élèves de venir poser librement des questions, de poser des questions à leurs camarades, indépendamment de l’appel par l’enseignant.
- Permettre aux élèves de venir au bureau pour valider de nouveau leur progression sans appel.
- Utiliser le tableau pour écrire quelques éléments visibles par tous ou seulement par ceux qui viennent au bureau, sans les effacer.
- Permettre aux élèves d’aller voir les autres groupes (dans une limite raisonnable).
- L’instant privilégié de communication individuelle peut permettre d’aborder des sujets plus profonds (difficultés rencontrées, difficultés personnelles, chute des résultats, …)
- Demander une production individuelle (pouvant être personnalisée) à l’issue de l’activité si nécessaire ou continuée à la maison. Donner la possibilité d’une rédaction commune pour un binôme (avec deux copies pour garder trace). Evaluer cette production. Possibilité de faire une évaluation de synthèse transformée en note si besoin prenant en compte l’activité de l’élève durant la classe, dans son groupe et la production finale.
- Possibilité d’un contrôle ultérieur des compétences travaillées lors de ces séances.
- Une liste au hasard peut être dressée pour procéder à l’évaluation individuelle. Le moment d’un groupe classe réorganisé en binômes aléatoires est optimal pour la réaliser.
- Pour les travaux maison, on peut demander aux élèves de rendre une quantité minimale de travaux facultatifs de synthèse parmi une liste mise à leur disposition, d’approfondir ce qui a été fait en classe, de rendre individuel ce qui a été construit collectivement, de construire des énoncés d’un type donné et leur réponse en vue d’une remédiation. Pour les travaux maison « normalisés », on peut faire toujours un test en classe pour évaluer si les compétences déployées sont effectives.
Le fichier explicatif complet: Utilisation du hasard comme stratégie pédagogique.pdf