La dette de la Grèce n’en finit pas de faire couler de l’encre. En récession depuis 2008, on en est au troisième plan de sauvetage depuis 2010 et la situation du pays n’est toujours pas stabilisée, loin de là. Les négociations quant à un éventuellement allègement ou étalement sont toujours en cours et la participation du FMI, souhaitée par les créanciers européens, pose toujours question dans les conditions qu’elle souhaiterait mettre en place.
Une participation qui dérange la Grèce
En janvier Alexis Tsipras, le premier ministre grec, avait indiqué que la participation du FMI au troisième plan d’aide à son pays n’était « pas nécessaire ». Pourtant, Pierre Moscovici qui est le commissaire aux affaires économiques de la Commission Européenne avait rappelé que pour les pays créanciers cette implication de l’instance monétaire internationale était « un point décisif ».
Une position grecque paradoxale puisque le FMI plaide en faveur d’un allègement de la dette pour permettre au pays de souffler un peu, ce que ne souhaitent pas les créanciers européens. En réalité, ce qui dérange Alexis Tsipras, c’est que l’implication du FMI aboutirait à l’obligation pour le gouvernement de mettre en place des réformes drastiques et leur application en échange d’une nouvelle aide de 86 milliards d’euros d’ici à 3 ans.
Bras de fer entre le FMI et l’Europe
Le FMI conditionne sa participation à un allègement de la dette grecque, sans pour autant prôner l’effacement d’une partie des créances. « Pour que le FMI participe financièrement, des mesures crédibles et un allègement de dette substantiel sont requis » selon le porte-parole du FMI Gerry Rice. Il faut dire que le pays est étranglé de toute part avec une aide à rembourser à hauteur de 180 % de son PIB. L’idée serait plutôt, si l’on en croit les rumeurs qui circulent autour du dossier, de geler les remboursements jusqu’en 2040, et de rééchelonner le total jusqu’en 2080. Autant dire que cela reporte le remboursement aux calendes… grecques.
Ce qui déplait profondément aux Européens, et plus particulièrement aux Allemands qui ne veulent pas en entendre parler dans l’immédiat. Déjà, une prochaine réunion devrait évoquer le déblocage de 5 milliards d’euros en échange de nouvelles réformes. Berlin est frileuse avec cette idée, surtout avec la perspective des élections législatives qui vont avoir lieu d’ici un an. Pourtant, c’est l’Allemagne qui souhaite la participation du FMI à ce nouveau plan d’aide, car c’est un gage de confiance et une garantie que la Grèce respecte ses engagements. Le fait que l’instance monétaire internationale conditionne son engagement à cet aménagement est problématique et pèse sur les négociations.
Pourquoi le FMI veut-il cet allègement ?
Principalement pour permettre au pays de respirer. Le FMI estime, par l’intermédiaire de son porte-parole Gerry Rice : « il est possible de rétablir la viabilité de la dette sans « haircut », mais cela implique d’accorder des prêts à des conditions très favorables ». Le FMI doute par ailleurs de la faisabilité pour la Grèce de parvenir à ressortir un budget excédentaire, ce qui est demandé par l’Europe, car l’instance estime que cela engendrerait des mesures d’économie trop importantes. Et d’ajouter : « Nous ne voulons pas plus d’austérité pour la Grèce et nous ne voulons certainement pas que le fardeau repose trop sur les pauvres et plus vulnérables ».
Un objectif louable que les pays de la zone euro partagent probablement, sans pour autant être favorables à la clémence demandée par le FMI. Mais personne n’a d’intérêt à ce que la Grèce revienne à une dynamique de sortie de l’Europe. Le problème reste sa crédibilité et sa capacité à mettre réellement en œuvre les réformes demandées et attendues. Cela explique probablement la légère ouverture que l’on a pu lire dans le compte rendu de réunion des ministres des Finances : « À l’été dernier, l’Eurogroupe avait expliqué être prêt, si nécessaire, à envisager des mesures supplémentaires pour maintenir à un niveau supportable les besoins en financement de la Grèce (…) Ces mesures auraient lieu sous condition d’une complète mise en œuvre du programme en 2018 »
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