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Baupin et le harcelement

Publié le 21 mai 2016 par Fabianus
BAUPIN ET LE HARCELEMENT
L’affaire Denis Baupin suit son cours sous un plafond qui s’ouvre, libérant la parole de femmes trop longtemps rompues au silence de la honte.
Le vice-président écologiste de l’Assemblée Nationale a été contraint de démissionné à la demande pressante de son supérieur, le Président Bartolone. L’homme n’a pas vraiment bonne presse depuis que huit femmes ont témoigné sur France Inter et Médiapart de ses faits et gestes à l’encontre de leur intégrité physique et morale : harcèlement et même agression sexuelle.
Depuis, bien d’autres langues se délient pour révéler au grand jour les mauvaises manières et les déviances de l’homme politique.
Au lendemain des accusations incriminant Denis Baupin, un collectif de 500 militants et d’élus de toutes convictions politiques a publié un appel dans le journal Libération pour que l’impunité cesse contre les auteurs de harcèlement sexuel.
Dix-sept anciennes ministres, de leur côté, ont dit « stop » dans une tribune publiée dimanche 15 mai 2016. L’appel a notamment été signé par Roselyne Bachelot, Elisabeth Guigou, Nathalie Kosciusko-Morizet, Christine Lagarne, Valérie Pécresse ou encore Rama Yade.
Une initiative qui ne semble pas ravir Christine Boutin. La présidente d’honneur du Parti Chrétien-Démocrate (et ancienne ministre)  s’est radicalement désolidarisée de ses consœurs, déclarant même en avoir « marre, vraiment marre » de ces femmes politiques !
Le porte flambeau de la résistance chrétienne au mariage pour tous en veut à ces anciennes ministres qui laissent entendre que les hommes sont des obsédés. Elle refuse le puritanisme, empêtrée dans un amalgame qui lui fait confondre gauloiserie et harcèlement.
Dans ce genre de combat il vaut mieux se taire que d’émettre des sornettes. Mme Boutin évoque une gauloiserie qui ferait partie de l’identité française. Mais jusqu’où va cette gauloiserie ? Et peut-on se satisfaire durablement de voir, au sein de l’hémicycle national, voler des sifflements d’oiseaux, des petites remarques sexistes dès qu’une femme prend la parole ?
La gauloiserie est le terreau du harcèlement, il en crée les conditions. Elle établit un état latent de domination de l’homme sur la femme devenue objet de dérision, et d’allusions grivoises.
Les hommes ne sont pas tous des obsédés mais une certaine légèreté, durablement enracinée dans nos modes sociaux, s’attelle à tendre des perches pour passer du mauvais côté : petites phrases déplacées, mains sur la fesse, harcèlement téléphonique.
Alors il est bon que les langues se délient pour condamner des attitudes d’un autre âge. A défaut, les femmes victimes continueront à subir en se culpabilisant d’être trop séductrices, en s’enfermant dans l’omerta, dans la honte inexprimable… Femme enfermée dans le silence Au fil des gestes déplacés Phagocytée par la souffrance De ne pouvoir se libérer
Femme emmurée dans l’Omerta Pour ne pas son mari troubler Qui mène seule un long combat Contre les démons obsédés
Femme souillée trop hésitante A requérir les justiciers Dans la projection effrayante D’un tribunal médiatisé
Femme agressée qui s’accommode Pour ne pas briser sa famille Mais dont l’énergie se corrode Sous un drap d’honneur en guenilles
Femme humiliée par les sarcasmes Au nom de la domination De ce machisme qui fantasme Donnant de soi bonne opinion
Femme angoissée par l’avenir Qui s’ouvrirait à ses poursuites Une carrière à en mourir Par compétences éconduites
Femme brisée sous l’impudeur Salie jusqu’au fond de son âme Qui désespère de voir l’honneur Rendu un jour,  tant vainc l’infâme.
Femme abattue, jetant les armes Au cœur du silence assourdi Et qui choisit, au bout des larmes L’irréversible tragédie.

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