Les Derniers Jours de la Géhenne d'Ersel et Ruellan

Commencé en 2001, ce triptyque livre - enfin - ses secrets. Avec son mot mystérieux, synonyme de l'enfer dans les religions bibliques, il aurait très bien pu se trouver dans la Loge noire, la collection ésotérique du même éditeur Glénat. Et la thématique est bien la même : la série, longue quête d'identité à travers le temps, évoque les luttes du bien et du mal.

Dans les premiers épisodes, Aline Idge, jeune et belle femme, est devenue amnésique à la suite d'un accident violent, tandis que son futur époux Gilles est tué sur une route de montagne dans d'étranges circonstances. Aidée par Asaliath Duchemin, alias Azal, peintre séduisant, historien et conférencier, Aline Idge suit une lourde thérapie par hypnose pour tenter de recouvrer son identité. La voyant échapper à son contrôle, son psychiatre lui conseille une méthode plus douce : visiter les différents endroits dont elle se souvient. Dans ce troisième épisode, Azal l'accompagne donc dans une sorte de pèlerinage mystique... Prétexte pour parcourir quelques-uns des plus beaux témoignages de l'architecture européenne, cette série transporte aussi les lecteurs dans quelques moments forts de l'Histoire et des Légendes. Maryse Charles, ici sous le pseudonyme de Ruellan, élabore un scénario d'abord complexe, multipliant les références au passé, les changements de lieu et l'introduction du fantastique. Cet épisode, qui se lit comme un voyage touristique débouchant sur la révélation finale, trouve tout son sens à la relecture des tomes précédents. Les nombreuses visites et flash-back historiques sont l'occasion, pour Ersel, en nette progression, de présenter des dessins remarquables d'authenticité et de finesse, comme, sur la première planche, une splendide vue du Mont Saint-Michel. Enfin, la mise en couleurs soignée de Walter de Strooper participe à la beauté de l'album.