Persister à être Artiste en un temps si lent, si lourd, catastrophe après catastrophe, vexation après vexation, comme feuille de nénuphar sous la pluie qui roule sur elle mais jamais ne la transperce, évacuée, évacuée comme toute cette tristesse, trahison, trahison partout, partout où nous allons la même désolation, mais fleur de la bohème, mais vitalité de la bohème, qu'est-ce qui s'achève, qu'est-ce qui se continue, vivre de cette vie coupée de vin, d'amour et de poésie, emportements, étonnements, comme sur un fil fou qui refoule l'amertume de ce temps pour se hisser, par principe, sur de plus hauts belvédères, culture éventrée, snippers embusqués, la mort, la vieille mort qui siffle à ton oreille comme un vieux poumon transpercé, antique compagnonnage, antiques douleurs apprivoisées, adoucies, familières, plus rien de négociable disent les imbéciles quand au contraire tout est à renégocier, je te salue Artiste pour être resté près de moi, si profondément, malgré tout, sous les crachats, bohème de ma bohème, éternel ermitage, demain les nazis seront là à nouveau, ils trouveront ce texte dont la graine est ailleurs, déjà, disséminant de nouvelles folies, ouvrant des mondes sous les décombres, semence de foules ivres sous des lunes infiniment démultipliées.