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EUROPE / ENVIRONNEMENT > Pour ou contre le glyphosate ?

Publié le 20 mai 2016 par Fab @fabrice_gil

Le groupe d'experts et de représentants des 28 a de nouveau reporté sa décision sur l'autorisation du glyphosate. En France, le désherbant probablement cancérigène est un perturbateur endocrinien.

Après avoir déjà reportée au mois de mars, la décision de la Commission européenne sur le problème de l'utilisation ou non du glyphosate a encore été retardée. Les négociations au sein du comité technique, constitué de spécialistes et de représentants des États membres, avaient recommencé le 18 mai."C'est la deuxième fois que la Commission ne parvient pas à réunir le soutien nécessaire des gouvernements de l'UE pour réapprouver le glyphosate", souligne dans un communiqué Franziska Achterberg, directrice des politiques alimentaires de Greenpeace. "Ce n'est pas étonnant, étant donné que la Commission continue à fermer les yeux sur les inquiétudes des scientifiques indépendants, des eurodéputés et des citoyens européens. Il est temps que la Commission change de stratégie !"

L'opposition au renouvellement s'est intensifiée ces derniers mois, en raison de l'impact probable du pesticide sur l'environnement et la santé humaine, et de sérieux doutes planant sur les méthodes d'évaluation des risques de l'UE. L'Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa) a en effet déclaré "improbable" le risque cancérigène de la substance, alors même que le Centre international de Recherche sur le Cancer (CIRC) de l'Organisation mondiale de la santé (OMS) l'a classée comme "probablement cancérigène". Les détracteurs de l'Efsa critiquent également le manque de transparence de l'étude de l'agence européenne. Le géant Monsanto, dont le produit phare contient du glyphosate, rejette ces accusations. Philip Miller, vice-président aux affaires législatives et gouvernementales pour la multinationale, a assuré que "l'évaluation des risques de l'Union européenne a été l'une des plus rigoureuses jamais menée [...] avec plus de 90 000 pages de données et 353 études prises en compte..."

Outre le problème de la nature potentiellement cancérigène du glyphosate, se pose en effet une autre question : la substance est-elle un perturbateur endocrinien ? Le 18 mai, la ministre française de la Santé, Marisol Touraine, a rappelé que la France considérait le glyphosate comme un perturbateur endocrinien.Un constat qui ne date pas d'hier, puisqu'il est testé depuis des années, comme l'indique un document de l'ANSES de 2011. "Le président de la République a dit très clairement lors de la dernière conférence environnementale que le glyphosate ne serait pas autorisé en France", a rappelé la ministre de la Santé, "car indépendamment des débats sur le caractère cancérigène ou non du glyphosate, nous considérons, et les études nous nous disposons le montrent aussi, que c'est un perturbateur endocrinien". Une position également défendue par Ségolène Royal, ministre de l'Environnement, qui s'est déclarée satisfaite de l'issue de la réunion du groupe d'experts. Elle assure qu'en cas de vote, certains pays, comme l'Allemagne, l'Italie, la Suède, l'Autriche et le Portugal, ont fait savoir qu'ils s'abstiendraient de voter ou voteraient contre. La Commission ne parviendrait donc pas à récolter une majorité suffisante pour l'adoption de sa proposition.


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