Quelques notes sur la traduction et les langues, signées Henri Thomas et citées par Gilles Ortlieb dans son livre tout récemment paru aux éditions Le Bruit du Temps, Dans les marges. Dans le chapitre intitulé : « Traduire pour le plaisir, avec le malheur qui l’accompagne. »
« "… très important pour moi les langues étrangères ; ç’a été la délivrance de beaucoup de choses. Je me suis aperçu que, souvent, les nouveaux romanciers ne connaissaient pas les langues étrangères. C’est très rare qu’ils lisent l’anglais ou l’allemand, ou même l’espagnol. Il est pourtant capital d’avoir accès à l’étendue planétaire par le langage… "
On peut lire ailleurs, au détour d’un carnet, une façon de constat ou d’état des lieux qui, sans viser précisément la traduction, pourrait tout à fait lui être appliqué en décrivant mot pour mot ce qu’elle implique et représente : " Le langage alors se disloque et se reconstruit en formes nouvelles, personnelles et communicables. Je ne suis que le milieu où cet invisible-aux-autres, ce perçu-par-moi-seul, se révèle par le langage ; je ne suis que ce lieu de réversibilité et de transpositions…"
et cette autre citation d’Henri Thomas :
« Il y a un travail qu’on peut toujours faire, avec application, et une certaine joie en constatant les résultats. Articles, traductions, critiques. Mais au-dessus est la fiction, à échéance lointaine, travail plein de hasard, trajet où chaque pas est important mais n’est rien sans tous les autres pas… » (1er septembre 1947)
Gilles Ortlieb, Dans les Marges, éditions Le Bruit du Temps, pp. 84 et 85.