Jusqu'au 23 mai
Diffusé sur France 2 le lundi 23 mai à 21 h 00
Une pièce de David FoenkinosMise en scène par Anne BourgeoisDécor de Jean-Michel AdamCostumes de Jean-Daniel VuillermozLumières de Madjid HakimiAvec Marie-Julie Baup (Sophie), Constance Dollé (Nathalie), Arié Elmaleh (Michel), Davy Sardou (Pierre), Dounia Coesens (l’infirmière)
Présentation : Quelques heures seulement après la naissance de leur fils, Pierre annonce à Nathalie qu’il a invité aussitôt Michel, son meilleur ami, à la maternité. Ce n’est vraiment pas le bon moment ! D’autant plus que cet ami a décidé de venir avec sa nouvelle fiancée. Cette visite au bébé, aussi précipitée que mal venue, va tourner au règlement de comptes et bouleverser la vie de tous les personnages. Doutes, révélations, imprévus, séduction, surprises, bonheur, sont les mots d’ordre de cette comédie.
Mon avis : Cette pièce légère et enlevée est le spectacle idéal pour se mettre dans les meilleures dispositions d’esprit avant la cérémonie des Molières.« Lorsque l’enfant paraît, le cercle de famille applaudit à grands cris… ».Ça, c’est Victor Hugo qui l’a écrit. Son bel enthousiasme s’inscrit dans la logique des choses car, dans la grande majorité des cas, une naissance est en effet un grand moment de bonheur partagé. Mais les moments de bonheur sont comme les trains qui arrivent à l’heure : on n’en parle pas. En revanche, lorsqu’un train déraille ou qu’une situation dérape, là il y a matière.
Dans la pièce de David Foenkinos, c’est tout le monde qui déraille. Bonjour les dégâts. Ce qui aurait en fait dû représenter « le plus beau jour » de la vie de Nathalie et Pierre va soudain devenir leur plus beau four… L’auteur utilise savamment tous les ressorts de la comédie pour décrire un imbroglio qui, en étant réaliste, est un véritable drame. Or, ici, par la magie de dialogues vifs et ciselés, d’une mise en scène inventive et rythmée et la présence de quatre acteurs absolument irrésistibles, la pièce nous tient en haleine et nous fait rire du début à la fin.Ce pauvre bébé qui vient d’arriver et qui n’a rien demandé va être le détonateur qui va faire exploser toutes les conventions et, surtout, exposer en plein jour tous les non-dits.
Les profils des quatre protagonistes de cette histoire sont particulièrement bien dessinés. Nathalie (Constance Dollé) est une femme en souffrance, elle se trouve dans un profond mal-être et l’on va peu à peu s’apercevoir que ce dont elle voudrait surtout accoucher, c’est de la vérité… Son mari, Pierre (Davy Sardou), est un doux rêveur ; il est lunaire, naïf, puéril, fragile… Sophie (Marie-Julie Baup) compense son angoisse chronique par une volubilité de tous les instants : elle est cash, sans filtre, gaffeuse… Quant à Michel (Arié Elmaleh), il est hâbleur, tchatcheur, dragueur, égoïste, futile…Les deux garçons ont en commun une certaine propension au mensonge et à la lâcheté. Ce sont des mecs, quoi. Et les filles, en parfait contrepoint, sont de ferventes adeptes de la vérité. En plus, ils se trouvent tous en décalage car chacun d’entre eux rêve de vivre la vie de l’autre.
Alors, quand ces quatre caractères, brutalement exacerbés par l’arrivée du bébé, sont confrontés, le mélange est explosif. Nés de malentendus, les quiproquos abondent. Les échanges sont tumultueux. Les scènes de scènes (de ménage ou autres) atteignent des sommets de drôlerie… la mise en scène est vraiment parfaite. Tout se passe entre la chambre de la maternité et le couloir qui y mène. Cette unité de lieu permet de donner un tempo soutenu. Il n’y a aucun temps mort.
Le plus beau jour est une très bonne comédie. Ici, « lorsque l’enfant paraît », c’est le cercle des spectateurs « qui applaudit à grands cris »… Le casting est parfait. Marie-Julie Baup confirme qu’elle est une sacrée nature. Constance Dollé se met aisément au diapason avec une montée en puissance réellement jubilatoire. Davy Sardou démontre une fois de plus son brio dans tous les registres. Arié Elmaleh fait preuve d’une formidable présence comique… Il faut souligner aussi la prestation de Dounia Coesens qui, au-delà de la frivolité, a le talent d’apporter à son personnage d’infirmière sexy une certaine mélancolie qui la rend très attachante.En conclusion, ce Plus beau jour vous promet une fort belle soirée devant votre téléviseur.
Gilbert « Critikator » Jouin