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Affaire Luxleaks: les lanceurs d'alertes et le journalisme mis en cause

Publié le 20 mai 2016 par Podcastjournal @Podcast_Journal
Rédacteurs et stagiaires: cliquez sur cette barre pour vous connecter en back-office de la rédaction! Édouard Perrin, journaliste chez France 2, publie des documents fiscaux secrets obtenus via Raphael Halet, un ancien employé du cabinet PricewaterhouseCoopers (PwC).
Le journaliste réalise deux reportages qui seront diffusés en 2012 et 2013 dans le magazine "Cash investigation" de la chaine télévisée. En 2014, le Consortium international des journalistes (ICIJ), en collaboration avec une quarantaine de journaux internationaux, rend son enquête publique.

Si les récents Panama Papers ont mis au jour les pratiques de certaines sociétés ou personnalités pour dissimuler des avoirs, les révélations des LuxLeaks ont, elles, mis à jour les pratiques fiscales du Luxembourg, en dévoilant les accords fiscaux conclus par des cabinets d'audit comme PwC pour le compte de nombreux clients internationaux afin d'économiser des milliards de dollars d’impôts. Parmi ces derniers figurent des firmes multinationales comme Amazon, Apple, Ikea, Pepsi, Heinz, Disney et Deutsche Bank.

Aucune poursuite judiciaire n'est engagée à l'encontre des grandes sociétés impliquées dans les révélations LuxLeaks. En revanche, les trois personnes à l'origine de celles-ci sont incriminées par la justice luxembourgeoise.
Perrin est accusé de manipulation et de complicité de violation du secret des affaires et du secret professionnel. A ses côtés, Raphaël Halet, inculpé pour les mêmes faits mais également pour "vol", ainsi que l’ex-auditeur Antoine Deltour, autre source du journaliste.
Le parquet a requis 18 mois de prison contre les deux lanceurs d'alerte, ainsi qu'une amende à l'encontre d’Édouard Perrin, qui les avaient relayées. La décision de la justice sera quant à elle rendue le 29 juin 2016.

Un procès banal, c'est du moins ce que la justice veut faire croire, en jugeant les lanceurs d'alerte à la place des fraudeurs. Il s'agit entre autre de mettre en cause les lanceurs d'alertes, mais également le journalisme d'investigation, au moment où les affaires des "leaks" se multiplient. En dépit des discours sur la nécessité de protéger les lanceurs d'alertes, les députés socialistes européens ont voté dans leur majorité pour le secret des affaires, une directive qui obligera les lanceurs d'alertes et journalistes à justifier qu'il n'espionnent pas pour le compte d'une entreprise ou pour des fins commerciales.

A la suite de l'adoption récente de cette directive par les institutions européennes, Édouard Perrin a fait part, mardi 3 mai 2016, à la sortie de la salle d'audience, de son inquiétude sur le devenir de ce type d'investigation: "Les journalistes qui vont s’aventurer sur ce terrain vont se retrouver devant des juridictions… Ils devront apporter la preuve de l’intérêt général pour lequel ils ont choisi d’enfreindre le secret des affaires! "

Un fait d'autant plus désolant que le mardi 3 mai était célébrée la journée mondiale de la liberté de la presse.


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