(Cas vécu qui m'est revenu quand on a parlé de la même chose à la radio)
Le téléphone sonne.
Je répond ce que je réponds toujours, "oui", ce qui désarçonne toujours l'arnaqueur anglophone qui prend toujours une fraction de seconde à se demander de quel "we" s'agit-il. La conversation qui suivra sera entièrement en anglais, mais pour le bien du lectorat du blogue, je vous la présenterai dans la langue de Prévert.
(après la pause interloquée)
"Monsieur Jones, Monsieur Hunter Jones!" sur un ton paniqué.
Je m'esclaffe car extrêmement rares sont les interlocuteurs qui m'appellent pour me parler en anglais. Sinon inexistants. Je sais généralement qui, m'appellera, et quand, pour me parler en anglais. Mais l'accent asiatique poursuit:
"Je travaille pour Windows et le FBI vient de nous informer que quelque chose de très grave se produit dans votre ordinateur en ce moment même, il faut absolument faire quelque chose!"
Cette fois, c'est moi qui m'accorde une pause. Puis, j'explose à nouveau de rire. C'est la seconde fois qu'on me fait le coup, la première fois, on avait raccroché à ce moment même, mais cette fois, l'asiatique persiste:
"Vous devrez suivre ce que je vous dis, êtes vous près de votre ordinateur?"
J'étais dans le salon à l'étage, commençant un bon livre, l'ordi auquel il faisait référence était au sous-sol, alors non.
"Oui" que j'ai dit, "j'y suis".
"Êtes vous assis face à votre écran?"
"J'ai de l'écran solaire"
Il n'a pas relevé ma phrase, embarqué dans son train roulant sur les rails de l'entourloupe.
"Il est allumé votre ordi?"
"Toujours allumé, tel un lapin"
"Vous allez vous rendre dans le menu panneau de configuration..."
"Nous ferons de la figuration... je serai figurant dans quel film déjà? The Sting? Wall Street? The Wolf of Wall Street?"
"Suivez-moi comme il faut Mr,Jones..."
"Elle te regarde, oh non non non, elle me regarde moi..."
Je me suis mis à lui répondre exclusivement par paroles de chansons interposées à partir de là.
"Que dites-vous?"
"Monde étrange, où ces gens parlent et ne racontent que mensonges..."
"Je...vous êtes entré dans le panneau de configuration?"
"Nous voulons que notre film soit joli, pas réaliste..."
"Pourquoi me parlez vous de films?"
"Mais tires dans la bonne direction, fais-en ton intention (oh oui, oh oui), vis tes rêves, structure tes combines..."
"M'écoutez-vous M. Jones?"
"J'écoutes le vent, le vent de mon âme"
"..."
"Tu vois la chance que j'ai eue, peut faire d'un homme bon, un mauvais garçon..."
"pardon?"
"T'occupes, T'inquiètes, touches pas ma planète, It's not today que le ciel me tombera sur la tête, et que l'alcool me manquera"
(ce sera la seule phrase française de notre échange)
"Mais de quoi parlez vous pour l'amour de Dieu?"
"De mon ordinateur Monsieur Ping Pong. L'ordinateur de mon crâne a un problème..."
"Vous dites...quoi?"
"Nous avions tellement tout auparavant...."
Il a raccroché.
On ne trouvera jamais plus fou que moi à l'autre bout de la ligne.
Amenez les arnaques que je les matraques.
"Je devrais être caché quelque part, mais je reste, reste, reste, reste, reste, reste, reste... "