Le documentaire In Jackson Heights de Frederick Wiseman nous entraîne dans le quartier le plus cosmopolite de New York et du monde. Multiculturel. Multiconfessionnel. Et menacé par la gentrification. Ce qui ressort de ce voyage cinématographique : un bel exemple du melting pot, d’une démocratie locale active, de l’Amérique de la tolérance et de la différence… où la diversité fait la force.
Le quartier le plus multiculturel de New York
A Jackson Heights, on parle 167 langues et on vient des quatre coins de la planète. 60 % des habitants du quartier ne sont pas nés aux Etats-Unis. Le documentaire nous montre cette diversité. On passe d’un temple hindou à une réunion tricot dans un coffee-shop, d’un fast-food indien à un salon de coiffure latino, d’une école coranique à une réunion de prostitués, d’une formation desfuturs chauffeurs de taxi à un abattoir où l’on sacrifie des volailles. Toutes ces communautés ne se détestent pas et tentent de vivre ensemble. Le film met en avant tous ces lieux de discussion et de rencontres, entre voisins, entre fidèles, entre victimes. On parle beaucoup, on témoigne, on échange et surtout on s’entraide !
Un quartier LGBT et tolérant
Depuis 1990 et le meurtre d’un jeune gay Julio Rivera, battu à mort, le quartier est devenu un centre LGBT de premier plan pour New York. Gays et transsexuels, mieux que les autres, savent l’importance d’une identité multiple et du métissage. Elle est bien là la magie de Jackson Heights, au quotidien, dans ces communautés qui cohabitent. Quelque soit la couleur de peau, l’origine, la langue maternelle, la religion ou encore la sexualité, on peut faire partie de ce melting pot, de cette humanité réunie.
Un quartier menacé par la gentrification
Jackson Heights est extrêmement bien desservi par plusieurs lignes de métro, locales comme express (7, E, F, M et R). La proximité avec l’aéroport de La Guardia et de JFK, tous les deux dans Queens, représente aussi un atout de taille. Après les quartiers du borough les plus proches de Manhattan, Long Island City et Astoria, ont vu leur prix flamber, c’est au tour de Jackson Heights d’être en proie à la spéculation immobilière et la gentrification. Alors que le quartier a longtemps accueilli les communautés les plus rejetées (ethniques et sexuelles) ainsi que la classe ouvrière, c’est désormais la classe moyenne qui s’y installe. Les petits commerces ferment, remplacés par des chaînes et des complexes. Les locaux résistent mais pour combien de temps ?