“Tu n’aimes pas la vase. Elle te rappelle la pourriture. Ce qu’elle peut receler dans ses profondeurs intimes t’effraie. Pourtant, regarde, regarde ses nuances d’argent, ses brillances au soleil, ses circonvolutions d’après marée, imprègne-toi de ses odeurs sulfureuses et musquées, ressens la vie dont elle regorge, qu’elle dégorge, sa propre vie qui s’exprime comme une respiration. Respiration ? La vase n’est pas boue, elle est un être, un seul être, immense et plastique, terrible et bienveillant, qui accepte que l’on marche sur son dos, pourvu que ce soit avec douceur. Assieds-toi, assieds-toi devant la vase, ne bouge plus, écoute son monde. Laisse-toi envahir de ce calme joyeux, de cette sérénité grouillante, de ce symphonique silence. Regarde. Contemple. Au bout de quelques heures, tu la percevras, sa respiration, tu la sentiras nettement. Alors, tu finiras aussi par l’aimer, la vase.”
Ci-dessus, le port du Yaudet à Ploulec’h.
La rivière de Morlaix, côté Locquénolé.
Les trois photographies ci-dessous : Le Dourduff, à Plouézoc’h.